Dom&Go est le service de volontariat international des frères dominicains de la Province de France. Dom&Go envoie des jeunes de 20 à 30 ans dans des communautés dominicaines à l’étranger et accueille des volontaires d’autres pays dans des communautés dominicaines en France.

Depuis 2020, Sr. Maria Esperanza OLARTE, de la communauté du 106, est responsable de la coordination du volontariat pour l’Amérique latine. Déjà sont parties deux jeunes (Colombie et Pérou), pour un service d’une année et en septembre et octobre, partiront deux autres, une pour la Bolivie et l’autre pour le Brésil, elles partagent la vie et la mission de nos sœurs en communauté.  Ci-dessous, vous trouverez le témoignage de Marie LAPSUS, elle est originaire de Toulon, elle est partie dès janvier 2023 à Lima.

Bonjour !

Moi c’est Marie, je vais vous partager en quelques lignes mon VSI, ou plutôt la mission que je vis!

Pour vous plonger un petit peu dans le contexte, j’ai 25 ans et j’ai terminé mon Master d’études Politiques Internationales en septembre 2022. Suite à ce dernier j’étais donc en recherche d’un projet de vie. Grande adepte de la providence j’ai confié à Dieu mes recherches pour qu’il m’aiguille vers le chemin qui saurait m’épanouir.

De manière inattendue et redondante j’ai vu passer de nombreuses annonces de missions, de VSI, de volontariats. Ces dernières ont réveillé en moi le souvenir d’un vieux rêve de partir en humanitaire. Et de manière insolite, j’ai croisé plusieurs fois la route de Dom&Go, et de sa mission aux quatre coins du monde. J’ai vite compris que sa vision de la mission et sa manière de la vivre au travers de la famille dominicaine répartis dans divers pays me correspondait et répondait à ce que je cherchais. Ni une ni deux je les ai contactés, le courant est passé, et bien que ma candidature soit arrivée tardivement (face aux dates de départs prévus) tout s’est fait naturellement, et le chemin se déblayait des possibles embûches par lui-même. En France j’ai assisté à deux week-ends de préparation avec les autres volontaires, des moments conviviaux d’écoute et de partages. Puis, ayant pris la décision de partir un an, j’ai assisté à une semaine de formation supplémentaire dispensée par la Guilde, qui traitait sur les aspects plus techniques. Le visa en poche, me voilà partie.

La mission que j’ai choisie répondait à mon désir de travailler avec des enfants et de parler espagnol.

Quelle joie quand une mission à Lima, au Pérou, dans un collège, pour appuyer l’équipe éducative dans l’enseignement du français et de la transmission de la foi me fut proposée. Ni une ni deux j’atterrie au Callao, un quartier populaire de Lima, dans le collège paroissial Santa Cruz dans lequel vivent quelques sœurs dominicaines de la Présentation de la Sainte Vierge.

Accueil chaleureux, je me sens très vite à ma place, comme si cela faisait déjà des années que je vivais avec elles. De fait, une vie bien chargée débute pour moi, les sœurs me proposent de participer avec elles aux offices des laudes, le chapelet, les vêpres et la messe quotidiennement. Ravie d’avoir la possibilité de partager leur quotidien je me plie à leur rythme de vie. A celui-ci se couplent des assemblées synodales du diocèse, réunions en tout genre, festival de vocations, processions dans le quartier, la chorale synodale du diocèse…

La maison provinciale se trouve plus au centre de Lima, dans un quartier plus tranquille, où vivent la majorité des sœurs. Une autre maison se trouve en périphérie dans un autre quartier populaire, où là aussi la mission des sœurs est présente.

Mais la vie ne se résume pas seulement à ces activités spirituelles. Dans le collège je pris place au sein d’une armada de professeurs, nous sommes plus ou moins quatre-vingt-dix. Un mal nécessaire pour s’occuper de l’éducation de plus ou moins 1200 enfants. Il y a trois niveaux principaux, « Inicial » qui correspond à la maternelle qui accueille les tout petits de 3 à 5 ans, « Primaria » correspondant à la primaire avec des enfants de 6 à 11 ans et enfin «  Secundaria » qui s’occupe du niveau collège avec des jeunes de 12 à 17 ans. Dans le collège il y a un professeur de français qui s’occupe des niveaux « Inicial » et « Primaria », et un autre professeur s’occupant de la «  Secundaria ». Mon rôle est d’enseigner le français appuyant les professeurs présents.

J’étais assez libre de choisir avec quel niveau je voulais enseigner, mais comme je voulais travailler avec le plus d’enfants possible j’ai finalement choisi d’enseigner une semaine sur deux toutes les classes de « Primaria » et la semaine suivante toutes celles de « Secundaria ». Ce qui me fait un programme bien chargé avec un total de 33 classes de chacune d’une trentaine d’élèves. (Je vous laisse calculer combien sont mes élèves!). Même si officiellement je ne dois servir “que de soutien” je me suis mis d’accord avec les professeurs pour qu’une semaine sur deux, quand je suis avec eux ce soit moi qui dispense la classe. Je ne pensais pas autant apprécier enseigner. Les enfants ont de nombreuses lacunes en français, il y a beaucoup de travail mais l’on arrive toujours à s’en sortir, à coup de chansons, de jeux, de quizz et de défis c’est plus sympas et plus facile d’apprendre.

Outre ma mission à Lima, les sœurs m’ont permis de partir en mission à Campo Redondo un petit village perdu entre les montagnes bordées de la jungle amazonienne. Engagées auprès des habitants pour les accompagner à grandir dans la foi, et persévérer malgré l’absence de curé, les sœurs y ont une belle mission bien que difficile. Je fus envoyé dans ce village à deux reprises, la première fois pour préparer la semaine sainte et la montée vers Pâques, et la seconde pour célébrer la fête patronale de St Pierre et St Paul, saints patrons du village. Là-bas, la mission est tout autre. Les habitants y ont une vie bien dure et en même temps si belle par sa simplicité et son authenticité, ce qui les rend chaleureux et généreux bien que d’une grande pauvreté matérielle. Pouvoir partager ma foi avec eux, écouter leurs anecdotes, jouer avec les enfants, les accompagner à récolter le café de leurs champs, leur apporter un petit peu de ma personne et recevoir de la leurs, resteront des échanges et moments chers à mon cœur.

En d’autres termes, autant vous dire que ma mission ici a mille et une saveurs, elle ressemble à un éventail de couleurs, et une symphonie d’aventures naviguant les eaux de la foi et de l’humain, du partage et du don de soi. Certes tout n’est pas toujours facile, que ce soit au niveau personnel ou communautaire, l’on se confronte de temps à autre à des orages. De fait, ce genre d’aventure nous met souvent face à la misère humaine intérieure et extérieure, mais qui est source de motivation pour celui qui a soif de grandir, et qui n’a pas peur d’accepter la miséricorde de Dieu dans sa vie.

Dans la confiance et l’abandon, je continue ma mission au milieu de mes Hermanas, et auprès du peuple péruvien qui m’enseigne chaque jour un peu plus la beauté et les mystères de la vie.