Sœur Marie-Thérèse Jestin

lisant la lettre de Sœur Véronique Margron

Paris ce 1er novembre 2022,

Mes chères sœurs,

À défaut de pouvoir physiquement vous rejoindre aujourd’hui, à l’occasion de la bénédiction de « la résidence

de la Grande Bretèche » – je crois que c’est ainsi qu’elle s’appelle , vous écrire ces quelques mots pour vous redire toute ma prière, ma pensée et mon affection

Nous sommes le jour de tous les saintes et les saints. Celles et ceux qui ont rejoint le cœur de notre Dieu, comme celles et ceux qui poursuivent, vaille que vaille, le voyage escarpé et incertain de l’existence. Me revient ce qu’écrivait le pape François dans son exhortation sur la sainteté, Gaudete et exsultate de 2019, sur les saints « de la porte d’à côté », la sainteté des « petits gestes ».

Alors je pense à vous, à chacune. Au voyage que chacune va faire ces jours-ci, dans notre Maison.

Sœurs Annie, Anne Marie, Claire, Françoise Henri, Geneviève, Geneviève Henri, Hélène Françoise, Hélène, Maria Rosaria, Marie Bernard, Marie Jeanne Chantal, Marie Jo, Marie Joseph, Monique, Pascale Do, Victoire.

Vous rejoindrez dès demain la Maison de « la porte d’à côté » pour continuer à y être soignées, respectées, accompagnées, considérées et aimées. En même temps, durant les mois qui viennent, vous aurez le souci évangélique, humain déjà, d’accueillir celles et ceux qui vous rejoindront. D’autres qui sont aussi de la « porte d’à côté », de la ville, du département et ne peuvent plus rester chez eux. Déracinement que seule peut consoler l’humanité et l’amitié offertes gratuitement. Je suis sûre que dans toute la mesure du possible c’est bien ce que vous essaierez de vivre et d’être pour chacune et chacun qui trop souvent arrive bien désemparé en ces Maisons.

Sœurs Catherine, Christine, Josiane, Michel, Marie-Thérèse, Rosalia, Marie-Françoise,

Je pense aussi à vous qui rejoindrez ces mêmes lieux dans quelques jours, présence solidaire et fraternelle auprès de nos sœurs plus fatiguées ou dépendantes. Présence de proximité et d’attention aux mille choses qui font du quotidien un temps toujours humain pour elles mais aussi pour tous les visages que vous découvriez et accueillerez. Sans oublier les familles des futurs résidents qui seront à vos côtés.

Toutes ensemble vous êtes et serez cette présence de la congrégation, de la vie religieuse qui ne se paie pas de discours ou d’apparence, mais se tient là, signe de paix et d’écoute, au milieu des fracas des vies, de leurs douleurs, de leurs espoirs encore, de leurs liens, de leur foi peut-être.

Sœurs Anne Marie, Anne Marie, Béatrice, Dominique, Marie Ange, Marie Cécile, Marie Denis, Marie Geneviève, Marie Jeanne, Marie Madeleine, Marie Thérèse, Rosario,

Mon cœur va aussi vers vous qui demeurez de « l’autre côté », du côté de la porte de la Maison Mère, fidèles habitantes de cette Maison aux mille mémoires vives et actuelles de la congrégation et qui racontez que ce lieu est bien vivant, aimant, priant. Vous allez vous retrouver un petit nombre dans une maison encore bien vaste. J’en ai conscience. Il vous faudra trouver ensemble comment continuer à y habiter avec joie et allant. La Maison a connu tant de bouleversements en sa longue histoire ; et chacune de vos existences aussi. Mais l’âge étant là, les affronter, les recueillir, est chose plus difficile, plus lente. Mais sans doute plus essentielle aussi. Demeurant dans la Maison vous faites, vous aussi, un vrai voyage tout intérieur, voyage immobile du dehors et bien réel.

Les unes et les autres, les unes avec les autres, et toutes les sœurs de la Province avec vous, nous sommes ce signe minuscule que la vie n’en finit pas tant qu’elle est là. Que de la nouveauté, y compris incertaine, angoissante même, mais ouverte, peut toujours surgir. Telle est peut-être aussi le labeur de la sainteté de la « porte d’à côté ».

« L’audace et la ferveur », « l’endurance, la patience et la douceur » telles sont deux des cinq caractéristiques de la sainteté décrites par le pape Françoise dans son exhortation « Réjouissezvous et exultez ». Le visage de chacune de vous est pour moi l’un de ces traits dont le quatrième est justement le « cheminement communautaire ». Aujourd’hui comme hier vous êtes et demeurez une communauté invitée à continuer son périple en compagnie de son Dieu et en faveur des femmes et des hommes qui peinent.

Alors oui c’est bien ensemble que nous voyageons, cahin-caha, avec les forces qui sont les nôtres et la sûreté d’un Autre.

Simplement terminer ce mot en vous disant encore que je suis sûre que toutes les sœurs que vous avez aimées, que nous avons aimées et qui ont vécu en cette Maison sont près de nous et spécialement près de vous pour ce nouveau commencement.

Prenez chacune soin de vous et des autres, je vous embrasse du fond du cœur, et vous porte avec moi à Lourdes où je serai dès demain avec les évêques de France,

Véronique

« Il y a les saints, il y a ceux qui tiennent bon, qui ne se lassent pas de fabriquer de la douceur, de la miséricorde, de la justice, de la joie, de la paix, avec le matériau médiocre et souvent même rebelle de la vie quotidienne.… » A.  M.  Besnard, 1er novembre 1970.

Quelques photos

Bénédiction des locaux d’Ehphad par le Père Hervé Loubriat

Emménagement des Sœurs de l’infirmerie

Avec l’aide des Sœurs de la Bretèche, du Foyer St Thomas et du personnel, chaque Sœur de l’infirmerie gagne sa nouvelle chambre.