D’importants travaux vont avoir lieu dans leurs locaux et 3 Sœurs Franciscaines, Servantes de Marie, vont être logées au Foyer St Thomas. Pour elles, c’est un peu « un retour aux sources » …. Voici un bref résumé de leur parcours.

Marie Virginie Vaslin a été baptisée le lendemain de sa naissance à l’église de Vancé qui est mise sous la protection de St Martin de Tours, évangélisateur des campagnes.

A 19 ans elle désire consacrer sa vie à Dieu et rentre à la communauté de St Rémi d’Auneau, elle y restera 6 années.

Au retour, elle a 25 ans elle cherche du travail pour subvenir à ses besoins, et trouve un emploi de surveillante à Tours, chez les sœurs du Bon Pasteur, quartier de la Riche. Là elle prie devant une statue de Notre Dame des Miracles : « comment m’orienter ? »

Elle tombe malade et est hospitalisée à l’hôtel Dieu St Gatien. Alors qu’elle va mieux, elle sombre dans une léthargie, coma, pendant trois jours le personnel qui la soigne ne dit rien, ne comprenant pas ce qui se passe.

Que s’est-il passé ? Est-ce une vision ? Un rêve ? Marie-Virginie est restée très discrète, pour le moment, elle garde cet événement dans son cœur, elle en dévoilera une partie à la fin de sa vie à Sr Emmanuelle qui la soigne. Ce qui est retenu : c’est qu’elle voit clairement la Mission qui lui est confiée, et que le Seigneur lui donnerait des sœurs pour l’aider dans sa Mission.

Pourquoi partager sur cet événement ? Parce que c’est à Tours que sa Mission lui a été révélée.

Marie-Virginie sort de l’hôpital, elle va mieux, et revient au pays natal à Vancé pour sa convalescence. Elle cherche du travail et trouve un emploi comme gouvernante chez les Gruau, notaire à Vancé.

Au cours d’une Mission donnée au village elle rencontre le P Gautier qui la pousse à mettre en pratique ce qui lui a été demandé.

La volonté de Dieu s’est manifestée par un intermédiaire. Ce sera le petit monde des servantes dont personne ne s’occupe. Elle part à Blois, et travaille comme gouvernante … Le 10 octobre

1852, sur la demande des domestiques qu’elle rencontre elle loue une mansarde, c’est la vie commune.

Première-fondation.

Puis le Mans où elle trouve un bon accueil auprès de l’évêque…

Son désir est de donner toute sa vie à Dieu, mais beaucoup de démêlées avec l’évêque de Blois … qui veut affilier ce petit groupe à une autre congrégation. Pas question …

Marie-Virginie sent le besoin de prendre un peu de recul, réfléchir prier, et décide de partir chez les sœurs trappistines à Laval, elle fait une halte au Mans soutenir, encourager ses sœurs.

Pendant la nuit, elle rêve : les fondations de Blois et du Mans sont en danger, l’évêque est en train de dissoudre le petit groupe et de les rattacher aux sœurs de !’Espérance. Au réveil, elle demande conseil à un P Jésuite, et elle prend le train pour Blois. Mais pas de train direct, arrêt à Tours, deux heures d’attente … Marie-Virginie, est sûre que c’est le Seigneur qui la guide, ce qui lui donne cette audace.

Elle va à l’évêché, et sans rendez-vous demande à rencontrer l’évêque, qui lui fait bon accueil et lui donne une lettre pour remettre au Curé de la cathédrale qui va accompagner la fondation … Alors que l’évêque de Blois l’éprouve en le traitant de simple fille de pauvre domestique.

L’évêque de Tours y voit la main de Dieu qui choisit ce qui est faible dans le monde pour confondre les puissants…

Pourquoi vous donner tous ces détails ? Parce que cela s’est passé à Tours, La congrégation des Servantes de Marie était sauvée…

Monseigneur, vous êtes le successeur de Mgr Guibert…

Fondation de Tours, arrivées de deux sœurs le 8 décembre 1859, 2, rue de la Cathédrale, comme bagages un petit paquet de linge, et 1,50 sou. La maison est glaciale car inhabitée depuis longtemps. Elle trouve une cafetière qui sert aussi pour la soupe.

Le curé de la cathédrale veut les héberger, mais elles refusent, elles doivent être là dès qu’une domestique arrivera. Alors il lance un appel aux gens du quartier: « Il m’est arrivé 2 petites sœurs pour fonder l’œuvre des domestiques, mais elles n’ont rien, si vous avez chaises, tables, lits, couvertures, faites-le. »

Les sœurs vont chercher leur nourriture pour elles et les domestiques au fourneau économique, soupe populaire, banque alimentaire, resto du cœur. Témoignage d’une sœur, « c’était davantage la force de Dieu, bien plus que la nourriture qui nous soutenait … »

La maison devient vite trop petite.

Déménagement en 1863 : Rue de la Bazoche. Monsieur Dupont appelé le Saint Homme de Tours, leur envoie des anciennes domestiques sans famille, l’œuvre des dames pensionnaires commence.

Le bail rue Bazoche se termine.

En 1876, les sœurs arrivent au 32 de la rue Colbert. D’autres activités sont créées : Un ouvroir pour les dames de la ville, et les employées : l’après-midi on apprenait la couture, la lingerie, le repassage, la lessive. Dispensaires de l’Enfant Jésus pour les enfants nécessiteux, jusqu’à 100 viennent chaque jour au dispensaire pour les médicaments; puis un deuxième dispensaire antituberculeux financé par une mission américaine. Œuvre des Forains, Catéchisme, Réunions des dames Tiers-Ordre de la famille franciscaine. Œuvre des Servantes. Au Patronage 150 employées étaient inscrites, nous avions des jeux, de la détente, des promenades, toutes ensemble nous préparions les fêtes, faisions du théâtre.

Témoignage de Sr Ste Solange :

« Je suis arrivée en 1943 à Tours à la rue Colbert, il y avait l’œuvre des Servantes./ Je m/occupais de cette œuvre-là. La Rue Colbert était un véritable bureau de placement. Mon rôle était de recevoir les Dames à la recherche d/une employée. J’essayais de les satisfaire suivant l’aptitude des jeunes filles en attente de place. Quand Je placement était conclu, je demandais à faire une visite pour voir la future installation de remployée. Je réclamais toujours un verrou à la porte de la chambre, une literie convenable, il ne pouvait pas être question de lit-cage installé le soir dans la cuisine ou le couloir… la rue Colbert était leur foyer et nous étions toujours à leur disposition. Nous connaissions leurs difficultés, leurs peines et leurs joies. J’ai souvent été édifiée devant le comportement de ces jeunes filles … Je remercie le Seigneur d’avoir été appelée à servir dans cette œuvre des
Servantes.»

La guerre est là une partie de la rue Colbert fut détruite par les bombardements, mais quelques sœurs restes sur place.

En 1944, les sœurs, domestiques, les aînées environ 80 personnes trouvent refuge au château de la Guillotière à 40 km de Tours : les pensionnaires logent dans le château, les sœurs dans les dépendances.

Le 6 avril 1945. La guerre est finie, c’est le retour à Tours, mais plus de maison. Tout ce monde est accueilli chez les sœurs dominicaines de la Bretèche qui leur laisse une aile de leur bâtiment.

« Nous avons récupéré quelques matériel de dessous les décombres. De la rue Colbert à la Bretèche, on n’avait que des voitures à bras pour amener tout cela. On n’avait rien. Et puis les Pères capucins nous ont aidées aussi, il fallait tout nettoyer car cela venait d’être occupé par les allemands. Nous y sommes restées 5 années. ».

Même lorsqu’elles sont réfugiées chez les sœurs dominicaines, leur apostolat continue. Une sœur écrit :

« Mon obédience: œuvre des jeunes filles dites des servantes chrétiennes, et pendant la foire sur les quais, l‘œuvre des forains, des gitans pour visiter les familles, la catéchèse, et la messe à l’église St Julien pour eux. Lorsque les enfants n’aidaient pas leur parents, l’après-midi nous les faisions jouer. »

Rue de la Source : en 1950 les sœurs du Bon Pasteur doivent quitter Tours, elles viennent
proposer aux sœurs leur locaux (rappel : Marie-Virginie y avait travaillé, c’est là qu’elle priait
devant une statue de notre Dame des Miracles, c’est là qu’elle était tombée malade.)

Témoignage de Sr Marie Germaine :
Début 1950 une religieuse se présente demandant à parler à la supérieure c’était Mère Marie Damien : au repas elle nous transmet le message: « la supérieure des sœurs du Bon Pasteur vient de la part de Monseigneur Gaillard nous proposer les locaux de la Source car elles vont quitter Tours »

Immédiatement notre Mère se met en rapport avec Mère Marie Suzanne supérieure générale qui est en Inde. Tout de suite elle demande le livre de notre fondatrice où est notée la présence de Marie-Virginie surveillante chez les sœurs du Bon Pasteur rue Courteline « Marie-Virginie aimait prier une Vierge très ancienne N D des Miracles. » La réponse, vous pensez bien, fut d’accepter la proposition …

Début mars, les sœurs du Bon Pasteur quittent la maison, la supérieure étant occupée ce jourlà, elle me demanda d’aller saluer les sœurs, d’accueillir aussi le personnel qui restait dans la  maison, et bien sûr la remise des clés…

Déménagement: 26 juin 1950. À partir de ce jour-là Sr Marie Françoise montait tous les aprèsmidi à la Source rejointe par Sr Marie Emmanuel. Jusqu’au lendemain matin, les sœurs allaient et venaient emportant différentes choses qui ne leur servait pas dans l’immédiat, à pied ou avec une charrette…

Sœur Simone Bertauld témoigne :
« j’ai participé au déménagement de la Bretèche à la Source. Pendant un mois, nous sommes montées avec un «triporteur», ce n’était pas rien de monter« la Tranchée».

Puis les travaux commencèrent…Désaccord au sein du Conseil car l’un des membres ne voulait pas donner sa signature .. .cela a duré deux ou trois ans … Alors patience et sérénité pour aujourd’hui…

Avec les dommages de guerre, puisque la maison rue Colbert fut détruite, d’importants travaux furent entrepris à la Source, dont le bâtiment pour accueillir les dames pensionnaires, environ 60 personnes. Les personnes âgées étaient au rez-de-chaussée, au premier étage il y avait des dortoirs pour le personnel. . « Je suis arrivée à Tours en 1971, ma mission était le soin aux personnes âgées, J’ai aussi accompagné 58 sœurs dans la dernière étape de leur vie à la Source.

Témoignage de Sr Marie Christine.
Dans le bâtiment appelé St Damien il y avait le dispensaire et l’accueil des jeunes filles, c’est Sr Jean Eudes qui s’en occupait.

Puis en 1996 transformation des bâtiments. L’ancienne maison de retraite a été transformée en logements sociaux: St Damien en locaux pour la Province France, les Fioretti pour nos sœurs aînées.

Pour les 150 ans de la fondation en 2009, voici comment est résumée la Mission des sœurs aînées aux Fioretti.

« Notre mission première est celle de la prière, chaque jour les sœurs ont le souci de porter près du Seigneur la vie de leur Institut. Elles aiment se tenir au courant de ce qui se vit dans les Missions, et dans le monde. Nous avons une vie toute ordinaire rythmée par les temps de prière, le travail de maison, quelques visites à l’extérieur pour les personnes isolées, leur porter la communion. Il n’y a rien d’exceptionnel, mais nous sommes là, offrant nos infirmités, nos handicaps, essayant de vivre simplement l’Évangile en fraternité. »

Relire le témoignage de nos sœurs aînées, depuis l’arrivée rue de la cathédrale à aujourd’hui, comment elles ont vécu dans la foi chaque étape, dans une très grande pauvreté dans le service des plus démunis. Leur témoignage peut nous aider à vivre cette nouvelle étape, dans la confiance et la sérénité.

« Saints et saintes de Dieu dont la vie et la mort ont crié Jésus-Christ sur les routes du monde, sur les routes de la Touraine … Priez pour nous … »

Poème écrit pour le centenaire de la Fondation en 1959 :

« Ville de Tours, jardin de notre France, depuis cent ans tu nous a vues fleurir comme des  fleurs, semeuses d’espérance, dont l’idéal est d’aimer et servir, dans le décor d’un gracieux domaine, chaque matin dans un élan joyeux, nous soulageons toute misère humaine, sous le regard de la Reine des cieux, c’est près de vous ô vierge de la Source que nous aimons aller puiser sans fin Rosée et grâce au long de notre course pour arriver à l’éternel matin. »

Nous remercions tous ceux qui sont là aujourd’hui et tous ceux et celles qui donnent de leur temps, de leur énergie pour nous accompagner… Nous ne vous demandons pas seulement une aide physique, morale, mais aussi spirituelle, nous aider à garder !’Esprit qui a animé cette communauté depuis plus de 160 ans. Une parole a été dite à l’une de nos sœurs 100 ans après la fondation. « Faites toujours tout ce qui dépendra de vous pour maintenir dans votre communauté l’esprit de simplicité» Cet esprit, nous essayons de le garder comme un trésor de famille, alors aidez-nous …

Lorsque nous sommes devenues propriétaires pour la première fois à la rue du Puits Châtel à Blois, notre Fondatrice n’était pas contente, elle a dit « Voilà le début des tracasseries», c’est vrai … mais une personne qui connaissait bien la communauté leur a laissé ce message qui je pense est encore vital pour aujourd’hui… »

« Voilà que vous allez devenir propriétaires, pour nous aujourd’hui alors que dans un ou deux ans nous allons revenir vivre dans une maison transformée … que cela ne change rien au but que vous vous êtes proposé à l’origine de votre fondation. Restez toujours simples et petites, vous avez été créées pour vous occuper des humbles et des petits. Si vous cherchez à vous élever, en affectant des airs de grandeur, ceux et celles pour qui vous avez été fondées n’oseront plus vous aborder. Restez ce que vous êtes.si vous voulez être agréables à Dieu. le champ est vaste vous avez où vous étendre ».