Aujourd’hui, c’est une parabole que les textes liturgiques nous proposent. Tout au long de son Evangile, Matthieu fait l’usage de deux types de paraboles : les premières, aident à comprendre le Royaume de Dieu, déjà présent dans la vie des hommes alors que les autres nous préparent au retour du Christ dans sa Parousie. Les premières, situées au début de la vie apostolique de Jésus, nous révèlent la présence du Royaume de Dieu dans les petits gestes de la vie quotidienne, la Création…. Royaume caché dans les évènements de nos vies de tous les jours tandis que les secondes, elles sont présentes quand il devient clair pour Jésus, qu’Il va être persécuté et tué. Grâce à ces dernières, les hommes sont appelés à se préparer à la venue du Christ dans la gloire. Le Royaume de Dieu présent dans ces deux types de Parabole reflète ensemble l’adage théologique du « déjà là et pas encore ».
Dans le texte qui nous est présenté (Mt 25, 1-13), il est question de la Parabole dite des « 10 Vierges ». La Passion approche peu à peu, elle se prépare, s’annonce au fil des chapitres de l’Evangile. Jésus s’adresse à ses disciples et leur annonce que bientôt il mourra pour le Salut du monde. Comment pourront-ils vivre sans Lui ? se demandent alors ceux-ci. Jésus, à l’aide de cette Parabole les enseigne : En se montrant fidèle à son amour, en s’inscrivant dans une attitude d’attente. Comment ? En étant prêt à chaque instant de sa vie, en étant disponible au moment le plus imprévisible pour l’accueillir lors de son Retour car, nul ne connait ni le jour ni l’heure de sa venue dans la gloire.
Pour faciliter la compréhension à ses disciples au sujet de l’attente, Jésus emploie une parabole s’inscrivant dans un moment important de la vie des hommes et des femmes, à savoir la célébration des noces. En effet, cette parabole raconte une des étapes d’un mariage juif. Dans la tradition, au début des noces, des jeunes filles attendent avec des lampes allumées le fiancé pour le conduire vers sa bien-aimée. Or, dans la parabole, le fiancé tarde à venir. Il tarde tellement, qu’elles s’endorment. Elles sont réveillées par un cri « Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre » au milieu de la nuit et comprennent que c’est celui qu’elles attendent. Cette parabole nous montre combien il est difficile d’attendre la venue de l’époux – et cela aussi bien pour les insensées que pour les avisées -, surtout lorsqu’il tarde à venir ! Toutes s’endorment tandis que le niveau de l’huile baisse dans les lampes pendant ce temps. Seules les vierges avisées, ayant une réserve avec elles, pourront éclairer le chemin conduisant à l’épouse. Attendre et rencontrer le Seigneur qui vient cette nuit est de l’ordre de l’intime, d’une relation construite et nourrie par le manque et l’espérance. Malheureusement, la moitié d’entre elles n’avaient pas prévu cet imprévu : attendre plus que prévu. Elles se sont endormies et n’ont pu voir le niveau de l’huile diminuer peu à peu. Comment pourront-elles être prêtes à l’appel de l’époux et le guider grâce à leurs lampes ? Veiller, préparer son cœur à la rencontre finale lors des noces dans le Royaume des cieux, est un long travail qui s’accomplit tout au long de sa vie de chrétien, dans la rencontre, le désir de connaitre toujours plus celui qui nous appelle, afin de répondre et être prêt à son invitation, à ses noces. Cette préparation se fait dans un cœur à cœur avec Lui, dans la prière, l’amour envers Dieu et son prochain, l’Annonce de la Parole, le service de charité…. Attendre, c’est tout simplement se rendre digne d’être invité à la noce au Royaume des Cieux, être prêt. L’attente que les disciples vivront après l’ascension s’inscrit – et nous chrétiens baptisés, vivons encore aujourd’hui – s’inscrit dans la ligne de cette parabole.
Un autre moment dans l’Evangile, au début de la Passion (Mt26,36-46), nous rappelle comment certains disciples choisis (Pierre et les deux fils de Zébédée) par Jésus pour l’accompagner au jardin des Oliviers lutteront eux aussi contre ce sommeil, puis s’endormiront jusqu’à ce que Jésus les réveille. Ce dernier sera trahi par Judas et remis entre les mains des responsables religieux. Le Mystère Pascal n’avait pas encore eu lieu. Dans la parabole des « 10 Vierges », il est fait allusion au retour du Seigneur dans la gloire. Dans ces deux récits, là aussi se joue le « déjà là et pas encore », tension théologique qui sous-tend notre Pèlerinage terrestre vers le Royaume de Dieu. Veillons donc car nous aussi ne savons ni le jour ni l’heure !
Soeur Pascale Moisy