Ce jour en pleine semaine vient marquer une rupture dans le rythme effréné de nos vies. Le mercredi des Cendres nous fait don du temps, offert gratuitement pour retrouver l’essentiel.
Mais ce mercredi fait aussi un étrange don: « des cendres versées en pluie fine sur la tête, résidus des rameaux, brûlés, conservés depuis l’année dernière. » La démarche est profondément simple: ouvrir son coeur à Dieu, le rejoindre, lui qui est « dans le secret de ton coeur » (Mt 6,6). Mais cette simplicité est redoutable. Nous n’avons pas trop de quarante jours pour nous convertir et croire à la Bonne Nouvelle, pour désencombrer notre être et gagner le fond de nos coeurs où sourd la voix aimante du Père.

Nous commençons le Carême en recevant les cendres: « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière » (Gn 3, 19). La poussière sur la tête nous ramène à la terre, elle nous rappelle que nous venons de la terre et qu’en terre nous retournerons. Cela veut dire que nous sommes faibles, fragiles, mortels. Dans le cours des siècles et des millénaires, nous sommes de passage; devant l’immensité des galaxies et de l’espace, nous sommes minuscules. Nous sommes poussières dans l’univers; mais nous sommes « la poussière aimée de Dieu ». Le Seigneur a aimé recueillir notre poussière dans ses mains et y insuffler son haleine de vie (Gn 2, 7). Nous sommes ainsi une poussière précieuse, destinée à vivre pour toujours. Nous sommes la terre sur laquelle Dieu a versé son ciel, la poussière qui contient ses rêves. Nous sommes l’espérance de Dieu, son trésor, sa gloire..
La cendre nous rappelle ainsi le parcours de notre existence: de la poussière à la vie. Nous sommes poussière, terre, argile, mais si nous nous laissons modeler par les mains de Dieu nous devenons une merveille. Et cependant, souvent, surtout dans les difficultés, nous ne voyons que notre poussière! Mais le Seigneur nous encourage: le peu que nous sommes a une valeur infinie à ses yeux. Courage, nous sommes nés pour être enfants de Dieu (Pape François).

« Revenez à moi », nous dit le prophète Joël. C’est un voyage de retour vers…
Le Carême est un exode de l’esclavage à la liberté. C’est un temps privilégié pour renouveler notre coeur. Un temps pour se mettre à l’écoute du Seigneur, intensifier notre relation à Jésus. Ce temps est favorable pour changer et, à l’invitation de dimanche prochain, à partir dans le désert; chemin de conversion, de retournement, pour suivre le Christ.

Dans l’Evangile selon Saint Matthieu, Jésus met en garde sur l’hypocrisie.
Si notre relation à l’autre est pour être vu: nous avons notre récompense. Si je me prive pour être vu, c’est le culte du moi: j’ai ma récompense. Si je prie pour me faire voir: Dieu n’est pas atteint. Qui mobilise le regard des autres pour son propre culte prend la place de Dieu: c’est une pratique hypocrite. Pour toi quand tu fais l’aumône, quand tu pries, quand tu jeûnes, …dans le secret. Le Seigneur est toujours disponible, on ne le dérange jamais.

Comme ligne de conduite pour ce Carême ce pourrait être ce passage de l’épître aux Ephésiens (4,32) : Soyons bons les uns pour les autres, ayez du coeur; pardonnons-nous mutuellement comme Dieu nous a pardonné en Christ.

Bonne montée vers Pâques.

La communauté de Montauban