REGARDS « Regarder la paille dans l’œil de mon frère »

                                                      et PAROLES « ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur ».

Les textes de ce dimanche sont bien dans la veine de ces derniers dimanches : appel au questionnement de ce qui fait notre manière d’être en relation avec les autres, sans doute aussi car le carême approche !

Oui, c’est bien de regard et de paroles, portes d’entrée de notre capacité à entrer en relation avec l’autre dont il s’agit aujourd’hui.

Il y a des regards qui font vivre, qui relèvent, qui invitent à la parole, voire à la confidence car ils sont plein d’amour ! L’obligation du port du masque nous a confirmer dans la certitude que le sourire se voyait dans les yeux. Je l’ai testé dans la glace, et c’est vrai ! Toutes et tous nous avons pu, je l’espère faire l’expérience de regards qui touchent au profond de l’être. Personnellement, je me souviens de celui de Frère Roger, alors que j’avais 20 ans et que je priais repliée sur moi-même dans un petit recoin de la chapelle de la Réconciliation. Sentant une main sur ma tête, j’ouvre les yeux et découvre ce regard d’une clarté sans pareil : l’amour ! Oui, il y a des regards comme ceux-là…. et puis il y a ceux qui invitent au repli… voire qui tuent.

Il en est de même des paroles : celles qui font grandir et celles qui invitent au désespoir. Je repense à une confidence faite : « on m’a dit que j’étais un monstre, au vu de ce que j’ai fait… ou un prédateur ». Paroles qui réduisent à un acte aussi tragique soit-il et enferment fermement… ou moins tragiquement sur un défaut, une parole dite ….

Or « ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur … et seul « l’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais »

Suis-je une femme, un homme bon ou mauvais, comme si j’étais dans un camp ? Suis-je l’aveugle qui guide d’autres aveugles ? suis-je le bon arbre ? La prière, la vie et la Parole … nous révèlent que pétris de la terre et animés du souffle de Vie, nous sommes à la fois et parfois simultanément bon et mauvais, et j’en suis !

Alors à quoi nous invite cet évangile ? Certainement pas à le lire comme un beau discours moral, Non ! Certainement à m’enfermer : c’est ma nature, non ! La Parole de Dieu est plus grande que cela ! Je la reçois aujourd’hui comme invitation à tirer le bien du trésor de mon cœur !

Oui un trésor réside au plus profond de notre cœur, redisons-le-nous (car nous en avons besoin), disons-le, crions-le, témoignons-en, recevons-le des autres aussi.

Alors jour après jour, réalisant davantage la présence de Dieu en moi, cette force d’Amour et de Vie qui me vient de la Vie du Christ que j’ai reçue, je parviendrai peu à peu à regarder comme Lui, et à avoir une parole ajustée, « bonne et constructive » (Ephésiens 4,29).

Et il y n’y a pas de petit commencement. Voilà notre Espérance qui nous vient de la vie du ressuscité en nous !

Sr Elisabeth Lemière