« En ce temps-là, Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples, vers les villages situés aux environs de Césarée-de- Philippe. »

La guérison du sourd-muet par Jésus dans l’Evangile du dimanche dernier a provoqué la sidération de la foule. Dans celui de ce 24ème   dimanche du temps ordinaire, accompagné de ses disciples, Jésus s’est mis en route à la rencontre des gens vivant en périphérie de Césarée-de-Philippe.  En cours de route, il interroge ses disciples sur les dires des gens à son sujet : « Au dire des gens, qui suis-je ? » et ceux-ci répondirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Elie; pour d’autres, un des prophètes. »

Les réponses sur l’identité de Jésus sont variées au dire des gens. Ils savent que c’est un prophète, mais lequel exactement ? Ils ne semblent pas le savoir. Ils le connaissent sans le connaître si je peux m’exprimer ainsi.

En bon pédagogue, Jésus procède par des questions et par étapes. Il part du général « au dire des gens », au particulier : « Et vous, que dites- vous ? Pour vous qui suis-je ? » ; d’une réponse globale à une réponse personnelle, avant d’entrer dans le cœur du message qu’il désire apporter à ses disciples et aussi à chacun de nous.  Pierre lui répond : « tu es le Christ ». Il semble avoir révélé la vraie identité de Jésus, étant donné que Jésus demande à ses disciples de ne parler de lui à personne. Ce passage évoqué par l’évangéliste saint Marc met en exergue le secret messianique. Jésus veut vivre caché et passer inaperçu. C’est une attitude qui traduit son humilité. Comme l’a si bien mentionné Saint Paul dans sa lettre aux Philippiens : «  Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.» (Ph2, 6-8).

Seigneur, accorde-nous la grâce de l’humilité dans nos relations avec toi et avec les autres.

 « Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que trois jours après, il ressuscite. » Mc 8,31

Trois éléments clés de la vie de Jésus se trouvent au cœur du message qu’il avait à partager à ses disciples : sa souffrance (sa passion), sa mort et sa résurrection. A travers son enseignement, Jésus fait comprendre à ses disciples et à tout chrétien que par sa croix, il a porté nos souffrances et s’est chargé de nos peines et douleurs. Ces souffrances du Christ dont fait allusion la première lecture, avaient été prédites par le prophète Isaïe : « J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats…» (Is 50, 5-9a).

Au sujet de la croix, le Pape François dans un de ses tweets, nous transmet ce message qui pourrait nous encourager dans nos moments de doutes et de désespoirs : « Il n’y a pas de croix, grande ou petite, que le Christ ne porte pas avec nous. » La vie chrétienne au demeurant, ne saurait se passer de la croix.

Pierre probablement par amour pour son Maître, n’était pas prêt à entendre de tels propos, mais Jésus quant à lui, préfère préparer psychologiquement ses disciples sur ce qui lui arriverait afin qu’ils ne soient pas surpris quand tous ces évènements se produiront. Un tel message, ne pouvait être adressé à tout le monde car il ne  serait pas compris. Jésus choisit de l’annoncer à ceux qui le suivent de près, mais le souhait de Pierre est que son Maître soit épargné de ces souffrances et de cette mort !  En interpellant Pierre par les propos apparemment durs : « Passe derrière moi, Satan ! », Jésus l’invite à laisser s’accomplir en lui ce projet et cette mission voulue par Dieu son Père.

En fin de compte, Jésus appelle non seulement ses disciples, mais aussi la foule. Cette foule peut représenter ceux qui le suivent, le connaissent ou ne le connaissent pas , et chacun de nous aujourd’hui. Le message de Jésus s’avère très clair, car il y énonce les conditions sine qua non à sa suite : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile la sauvera ».

La suite du Christ exige un déplacement, un mouvement, une démarche intérieure et extérieure articulés autour de trois verbes : renoncer à soi-même, prendre sa croix et le suivre.

Le renoncement à soi, passe par une mise en œuvre de nos actes d’amour envers l’Autre qui est mon prochain. Ce qui n’est pas toujours évident, car il s’agit d’un renoncement qui se concrétise dans les œuvres et non en paroles seulement, comme nous exhorte saint Jacques dans la deuxième lecture ( Jc 2,14-18) : « Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est belle et bien morte. »

Demandons au Seigneur la grâce de toujours le suivre quels que soient les moments de notre vie .

Seigneur, donne-nous la grâce de nous mettre à ta suite par le service de nos frères et aide-nous à porter nos croix quotidiennes.

La question posée par Jésus à ses disciples, nous est personnellement posée aujourd’hui : pour moi, qui est le Christ ? Quelle relation j’entretiens avec lui et comment je la développe ?

Puisse le Seigneur nous aider à répondre personnellement à ces questions dans la vérité sous la Lumière de l’Esprit Saint notre Guide ! Amen.

Sœur Catherine ZONGO