PARABOLES

A quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ?

Par quelle parabole pouvons-nous le représenter ?

Marc 4,30

 

PARABOLES …

Jésus est un merveilleux conteur dans l’art d’utiliser la parabole, reflet d’une civilisation qui fleurit au Proche-Orient. La comparaison imagée éveille l’attention des auditeurs C’est peut-être pour rejoindre ce petit espace d’enfance accroché au cœur de chacun ? Mais ne nous y trompons pas :  l’enfance est souvent pleine de philosophie et comme elle, les paraboles de Jésus, revêtues d’apparente simplicité, cherchent à rejoindre la profondeur de l’être humain. Les paraboles questionnent tout homme car elles sont très ouvertes, étranges et merveilleuses, concrètes et énigmatiques. Chaque auditoire, encore aujourd’hui, infléchit  nécessairement leur interprétation parce que leur signification dépasse le milieu socioculturel qui les a vu naître. C’est pourquoi elles restent éternellement jeunes.

Il convient de faire un instant silence en soi pour laisser à l’histoire le temps de délivrer sa saveur et sa signification mystique. Personne ne peut trouver à notre place ce qu’elle va signifier pour nous si nous consentons à ouvrir un nouvel espace intérieur. Comme le symbole, la parabole donne à penser.

Les habitués de la messe dominicale ne dédaigneraient pas l’usage d’une petite histoire sortie tout droit de la vie, la vie ordinaire, la vie de tous les jours, pour introduire l’homélie. Il y aurait comme un frémissement dans l’assemblée, des sourires naîtraient sur des visages. L’oreille serait plus attentive et les cœurs plus disponibles.

Cependant les paraboles de Jésus sont tout sauf des distractions. Elles sont  au service du « mystère du Royaume » qui dépassera toujours nos catégories mentales. Elle dévoilent sans aveugler, elles suggèrent sans contraindre. Elles intriguent selon la disponibilité de l’auditeur .

Beaucoup de paraboles manifestent une étonnante complicité naturelle avec la création. Vigne, grain de blé, arbre, moissons et vendanges, figuier, brebis sont tour à tour les acteurs des historiettes de Jésus. Mais son intention n’est pas  la préparation d’une visite au salon de l’agriculture ! Son unique préoccupation est de révéler le « Mystère du Royaume ». Et qui dit royaume  dit aussi roi, royauté et règne.

UNE PETIT GRAINE DE RIEN DU TOUT …

Les 2 paraboles d’aujourd’hui, au chapitre 4 de Marc, sont justement là pour évoquer « le règne de Dieu ».

Jésus ne veut surtout pas en donner une définition aux contours nets ou en faire une description précise. Il commence même par faire celui qui se demande, dubitatif, ce qu’il pourrait bien en dire de ce règne de Dieu : « A quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ? » Et pour aiguiser la curiosité de son auditoire, Il poursuit : « Par quelle parabole allons-nous le représenter ? » (Mc 4,30)

Ceux qui écoutaient Jésus avaient déjà, à la synagogue, entendu évoquer  « la Royauté » du Dieu de l’Alliance car les prophètes, bien avant lui, avaient déjà annoncé … qu’un jour … le Règne universel de Dieu serait reconnu par tous, règne de justice, de miséricorde et de paix.

Jésus, parlant du Règne de Dieu, fait aux pharisiens qui le questionnent, une réponse qui peut paraître déconcertante.  « Le Règne de Dieu ne vient comme un fait observable. On ne dira pas  le voici ou le voilà. En effet le Règne de Dieu est parmi vous. » (Lc 17, 20-21)

Ce n’est pas un lieu pour plus tard, une promesse qui a de l’avenir, non,  c’est une réalité présente. Jésus est lui-même la Semence de ce Royaume jetée par l’Amour-Créateur dans le sein d’une toute jeune fille. Il est le Royaume de Dieu qui vient vers nous. Tel est l’essentiel du message : « Jésus faisait route à travers villes et villages, il proclamait et annonçait la Bonne Nouvelle du Règne de Dieu ». (Lc 8,11)

Le Règne de Dieu c’est le Règne de l’Amour : l’amour qui guérit les malades, l’amour qui accueille les prostituées, l’amour qui pardonne aux pécheurs et mange avec les exclus. C’est le verre d’eau offert au plus petit des frères, c’est le maître qui fait asseoir Pierre pour lui laver les pieds. C’est le Seigneur qui ne nous appelle plus serviteurs mais amis.

Alors le règne qui vient c’est aussi la visite au prisonnier, à l’isolé, la communion portée au malade, la table de Jeanne-Marie, le Café Joyeux, la famille qui s’ouvre à l’enfant différent ou venu de loin, c’est l’Eglise  « hôpital de campagne », sale et « cabossée », ce sont les chrétiens qui cherchent l’unité et ceux aux marges, aux parvis de nos églises. C’est plus largement encore, la multitude de ceux qui posent les gestes quotidiens du service fraternel.

Le règne de Dieu c’est une petite graine de rien du tout jetée en terre et qui devient l’Arbre de Vie nourri de la sève de l’Esprit qui produit fleurs et fruits du pardon , de la liberté, de la justice, du partage, pour que tous ceux qui viennent s’y abriter puissent y nicher et trouver des raisons de vivre et d’espérer.

 Sœur Françoise-Chantal Lelimouzin