1ére Dimanche de Carême.   Mc. 1,12-15 / 21 février 2021.

Jésus venait d’être baptisé…

L’évangéliste Marc, en un seul verset, fait allusion à un évènement fort et long de la vie de Jésus : la tentation au désert, qui a une longue durée, dans un endroit très difficile à vivre. Dans les synoptiques , la « tentation de Jésus » ne fait pas partie de son ministère public, Jésus est tout seul avec Satan, il n’ y a pas de témoins , comme cela arrive habituellement dans la plupart  du récit biblique.

Aussitôt l’Esprit le conduit Quarante jours au désert et tente par Satan. Il y a trois aspects de ce verset que je voudrais relever :

 Aussitôt l’Esprit le pousse….  Cela nous indique la succession immédiate d’un fait : le baptême de Jésus au Jourdain. C’est comme si l’Esprit Saint était pressé de conduire aussitôt Jésus au désert. Quelques temps après, Jésus va commencer son ministère public et il lui faut aller au désert, cela n’est pas un choix.  C’est une nécessité pour la mission qui attend  Jésus. L’épreuve et la confrontation à soi-même sont fondamentales pour le temps qui vient pour Jésus, pour sa mission et le salut des hommes.

Quarante jours au désert. L’Evangile nous précise le lieu et le temps. Quarante jours, c’est long, surtout pour être éprouvé.  C’est même très long. En plus au désert, il fait chaud, il n’y a pas de vie, seulement des animaux sauvages. Cela peut nous paraitre un lieu bizarre choisi par l’Esprit pour conduire le « Fils bien aime du Père » (Mc.1.11b). Le chiffre quarante est un symbole biblique fort, il nous renvoie à l’exode du peuple Israël pendant quarante ans au désert. Le temps nécessaire pour que la génération infidèle soit remplacée par une autre. Moïse reste quarante jours sur la montagne (Ex.34,28), Le prophète Elie avait marché quarante jours dans le désert (1R.19,8) Le déluge se prolonge de quarante jours, le temps du passage à une nouvelle création. Et pour Jésus, cela  marque le passage de sa vie privée à sa vie publique.

Pourquoi au désert ? Le désert représente non seulement un repère de bêtes sauvages mais aussi une demeure privilégiée pour les démons (cf.Lv.16.10.22.26 ; Is. 13.21 ;34,14 ; Bar. 4.35). Le désert renvoie à un lieu de solitude, en tant qu’espace vide, stérile. Mais le désert a aussi une portée positive ; il est le lieu de la Providence Divine. Dans l’exode, il représente le temps de la marche vers la terre promise, ainsi que le temps de l’alliance avec Dieu. Dans le temps messianique, ce lieu sera transformé : les animaux sauvages ne représentent plus de danger (Is. 11, 6-9 ; 43,20). Dans le désert régénéré le Seigneur répand son Esprit sur la descendance de Jacob (Is. 32.15 ; 44,3). Le désert devient un lieu privilégié de la rencontre de Dieu. (Cf. Luc.3,2-4), un lieu désertique est le cadre de la multiplication des pains (Lc.9.12-17), c’est aussi un lieu de prière pour Jésus (Lc 5.16).

Bref : Le désert est un espace chargé d’une double signification, à la fois négative et positive. Comme croyants, nous sommes invités à vivre ce temps dans l’intimité avec le Seigneur, à nous laisser guider par la grâce de son Esprit, pour sortir victorieux du combat auquel nous sommes confronté chaque jour.

Tenté par Satan. Satan est le diviseur. Le texte utilise le verbe « tenter », et dans la Bible la tentation est fondamentalement fondée sur « la foi » ou la non – foi en Dieu. La vraie tentation est née au baptême, les évangiles synoptiques sont d’ accord pour placer la tentation de Jésus à la suite du baptême. C’est une tentation propre au croyant, à l’Eglise, des fils de Dieu. Jésus, le Fils bien aimé du Père, a été éprouvé dans sa condition humaine, dans sa foi, dans sa relation avec son Père. Lui qui a vécu la tentation nous demandera de triompher en priant chaque jour : « Ne nous laisse pas entrer en tentation. »

Jésus, notre sauveur, doit nous servir de modèle. Il a voulu rejoindre notre condition, il a vaincu le combat avec Satan, pour aller établir le règne de Dieu, par la parole et par les actes, qui libèrent, qui restaurent l’homme perdu. L’épitre aux Hébreux, résume bien cette expérience de Jésus : « Car puisqu’il a souffert lui-même l’épreuve, il est en mesure de porter secours à ceux qui sont éprouvés. Nous n’avons pas, en effet, un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses ; il a été éprouvé en tous points à notre ressemblance, mais sans pécher. » (Hb.2.18 ; 4.15)

Avançons-nous doc, avec la grâce de l’Esprit dans ce temps de Carême, dans la confiance que le Seigneur est avec nous et que par sa seule grâce nous sortirons victorieux du combat de chaque jour

Sr. María Esperanza OLARTE MATEUS