Une parole qui, choque, questionne, pousse à l’action
Personne n’aime d’être heurté ou de recevoir des chocs de quelqu’un d’autre. Un choc sur le corps peut blesser et même faire très mal. Une caresse passe mieux qu’un coup de poing ! Et quand il s’agit de l’esprit : être étonné, choqué, questionné est au carrefour de toute vie humaine comme un chemin qui conduit à passer d’une certaine appréhension des choses et des événements, des personnes à une autre. Ces moments, parfois difficiles de nos existences, où l’esprit est heurté, questionné où un brouillard recouvre les idées conduisent à découvrir une « autre » manière de voir, de comprendre, voire de juger là, l’esprit acquiert pour lui-même de nouvelles potentialités et invite à une action différente. Cette dynamique est aussi perceptible quand il s’agit de notre rapport aux autres et à Dieu, au Christ et à sa parole.
C’est le cas de l’Evangile de ce dimanche : Jésus lui-même est en cause, il revient dans son village d’origine et retrouve ceux et celles qui le connaissent depuis toujours et qui pensent savoir tout de lui et dans la synagogue c’est le contraire, ils sont choqués par son assurance et son enseignement les cloue sur place, c’est trop fort pour eux.
Marc l’évangéliste partage à ses lecteurs une accumulation de questions, il y en a quatre qui se suivent, au sujet de cet enfant du pays qui semble hors normes. Le résultat est terrible, chez les siens Jésus n’est pas reçu, saint Jean reprendra cette donnée dans son prologue.
Recevoir le Seigneur Jésus, dans son esprit et dans son cœur, entrer dans un chemin de foi et s’ouvrir à la nouveauté de ce Royaume qu’Il annonce provoque des réactions diverses qui nous sont précisées au cours des multiples rencontres de Jésus sur ses chemins.
Les uns se sont rapprochés de lui et l’ont suivi, d’autres après l’avoir suivi se sont éloignés, ils n’ont pas pu entendre et recevoir sa parole, d’autres sont entrés dans l’opposition, d’autres encore l’ont provoqué et lui ont tendu des pièges et poursuivi jusqu’à sa condamnation à mort.
Encore aujourd’hui l’Evangile est souvent une parole qui dérange. Elle vient d’ailleurs et projette une lumière précise sur tel événement ou situation et en toute clarté invite celui ou celle qui écoute à changer la manière de se situer, surtout elle nous demande d’écouter les autres avant de porter un jugement reçu et avant de risquer une parole personnelle. Il est bon d’écouter le cœur ouvert la Parole de Jésus, tout spécialement quand elle bouscule repères et habitudes : ce qui est petit devient grand, le pauvre devient riche, la peur est chassée devant lui… Jésus insiste pour que la foi et la confiance soient les accompagnateurs de l’écoute, de la compréhension et de l’action qui sera le résultat de ce changement qui rend proche de la personne, et engage une relation de respect mutuel.
La prière est une aide précieuse dans ces moments de bousculade spirituelle, elle assure ce chemin de foi dans le discernement, la décision et les nouvelles pratiques de cette vie fraternelle reçue au moment du Baptême, comme enfant du Père et frère de Jésus. Là est la source de cette Sagesse qui a interpellé tant de contemporains de Jésus, qu’Elle entraine chacun selon son appel sur ce chemin de vie nouvelle avec le Christ.
Sr Monique Colrat