Seigneur Jésus,

Tu n’es pas venu réprimander ni condamner, mais encourager, c’est à dire sauver.
Tu n’es pas venu nous répéter nos manques, que nous connaissons parfaitement sans toi, mais nous enlever les péchés que nous ne pouvons pas nous pardonner à nous-mêmes. Auprès de toi il n’y a heureusement aucun prix d’excellence, mais bien heureusement de multiples prix d’encouragement.

Car il nous est si facile de nous décourager les uns les autres. Ceux qui croient découragent ceux qui ne croient pas, comme si la foi était une chasse gardée pour les fidèles de la doctrine, les artisans de la vertu, et les spécialistes de l’espérance. Mais ceux qui ne croient pas découragent tout autant ceux qui croient comme si la foi était une insignifiance, une maintenance et une déshérence. Il nous est si facile de nous prendre les uns les autres à la gorge, même sans la serrer, au point que nos vies ne soufflent plus, mais s’essoufflent à se fréquenter.

Il faut peu de chose pour que le découragement envahisse nos châteaux de sable : une ironie ou une dureté, une parole manquée ou une parole appuyée, un silence rongeur ou un silence réprobateur. Nous te l’avouons : nous ne voudrions pas vivre de courage, mais d’encouragement. Nous ne quémandons pas le sucre, comme les caniches dans les salons, mais nous avons besoin de sel, comme les chèvres dans la garrigue.

Dispose-nous à encourager les femmes et les hommes, les vieillards et les enfants.
Dispose-nous à encourager les faibles, quand ils défaillent en solitude et les forts, quand ils assaillent en maladresse.
Dispose-nous à encourager même ceux qui nous découragent, car peut-être ne sont-ils que le reflet de notre hostilité.

Ô Dieu, dans l’encouragement, apprends-nous le courage et non pas l’attendrissement. Sois fort en nous pour que nous devenions forts par toi.

Tu es le Dieu qui redresse le roseau courbé et qui dresse l’homme épuisé.
Tu es le Dieu du courage de l’affrontement avec passion, et de l’abondance de compassion.
Tu es le Dieu venu sur la terre pour encourager chaque homme et tous les hommes, en tenant tête aux puissances ennemies de la dérision et de l’oppression.

Que ton encouragement soit la compagnie de nos courages, vidés au soir du Vendredi Saint, relevés au matin de Pâques. Amen.

André Dumas, Cent prières possibles, Albin Michel, 2000.
Transmis par Sr Bernadette Rimbès
il y a quelques mois.