Homélie du 8 aôut 2023 à Saint Pierre Quiberon par le frère Hervé Ponsot – Dominicain
Frères et sœurs, on vous l’a peut-être déjà dit, mais nous n’avons que peu d’informations sur la vie de saint Dominique. Du coup, Dominique, qui n’a rien écrit d’autre que deux lettres de réconciliation pour des pécheurs, reste une figure peu connue de nos contemporains. Nombre d’historiens affirment d’ailleurs que Dominique s’est effacé derrière l’Ordre des Prêcheurs qu’il a fondé en 1216. Effacé au point de le quitter pour le ciel cinq ans seulement après cette fondation en 1221.
Dominique n’est pas François son contemporain, et les paroles et anecdotes à la disposition d’un prédicateur ou d’un historien sont magnifiques, inspirantes comme on dit aujourd’hui, mais assez modeste et toujours les mêmes : vente de ses précieux livres pour venir en aide à ses contemporains touchés par la famine à Palencia, prédication nocturne à Toulouse pour convaincre son aubergiste cathare, choix de la pauvreté mendiante à Castelnau-le-Lez, dispersion rapide des premiers disciples à Toulouse…
Voilà pourquoi aussi les lectures qui viennent de nous être proposées définissent moins un homme particulier et une vocation spécifique qu’une mission confiée par saint Dominique à ses frères et sœurs, comme à tous les membres de l’Eglise : prêcher l’évangile jusqu’aux extrémités de la terre, avoir le souci d’instruire à temps comme à contre temps, rechercher la vérité. Vous tous qui m’écoutez, vous devriez pouvoir « vous y retrouver », et non pas seulement les frères, les sœurs, les prêtres ou les laïcs rattachés à cet Ordre des Prêcheurs.
Mais alors, me direz-vous, comment comprendre l’attachement que vous portez à votre fondateur s’il n’est pas une exception, un modèle unique à imiter ?
Prêchant un jour devant nos sœurs moniales de Prouilhe, le premier monastère fondé par Dominique, je m’étais tourné vers elles pour leur dire à peu près : « chacune d’entre vous est saint Dominique, et saint Dominique est la somme de ce que chacune de vous représente ». Je continue de le penser : saint Dominique est moins un homme du passé que l’homme d’un éternel présent, une synthèse de ce que chaque membre de l’ordre porte de lui et en lui dans le souci de la prédication évangélique.
Ce commun et ce particulier sont ce qui attache à Dominique, ce qui nous relie profondément et nous différencie tout à la fois, ce qui fait notre richesse, et qui explique que ceux qui nous entourent nous disent souvent : « il n’est pas un Dominicain qui soit semblable à un autre ». C’est la caractéristique habituelle d’une famille, et de la famille dominicaine.
fr. Hervé Ponsot