Nous voilà presque à la fin : à la fin de l’évangile de Matthieu, de l’année liturgique et presque aussi de l’année civile… nous attendons également avec impatience la fin du virus.
Aujourd’hui la liturgie nous offre la parabole des talents dans l’ évangile de Matthieu (25,14-30). Il me semble que nous pouvons en retirer trois mots : confiance, dynamisme et peur.
Confiance : La parabole parle d’un homme riche qui part en voyage et qui confie huit talents à ses trois serviteurs. Dans le passage biblique on trouve treize fois le mot talent. Cette insistance nous indique que l’affaire est importante, que le talent a une grande valeur. D’autre part pour Matthieu le talent représente une somme d’argent, (lui qui était collecteur d’impôts connait bien les affaires économiques). Cet homme riche a confiance en ses serviteurs et il connait la capacité de chacun, ce qui le conduit à confier cinq talents à l’un ; deux talents à l’autre et un talent au troisième (V.15). L’évangile ne précise aucune instruction donnée de la part de l’homme riche, pour l’administration de ses biens, pas plus que la date de son retour. Ici il y a un acte de confiance sans limite : Il laisse toute liberté pour la gestion de ses biens.
En l’absence du maître (v.16-18), les serviteurs sont confrontés au dynamisme, à l’action, à la créativité ; ils sont dépositaires d’un immense trésor. Que vont-ils faire ? L’évangile dit « aussitôt » ; les deux premiers agissent avec promptitude, ils se risquent à faire fructifier les biens qui leurs ont été confiés. Ces serviteurs agissent comme des partenaires de leur maître, ils font leur ce qui leur a été donné dans un acte de confiance en leurs capacités. Ils ont compris qu’il fallait agir immédiatement, qu’il n’y avait pas une minute à perdre. Le temps pour faire fructifier les talents, c’est le temps présent, il y a là presque qu’une urgence. Et le troisième serviteur que lui est-il arrivé ?
La peur. Face à des réalités nouvelles, qui nous demandent un effort, il y a la peur de ne pas réussir, on peut ne pas croire en nos capacités et on finit par ne faire ni le bien ni le mal. Le troisième serviteur se laisse envahir par la peur et va creuser la terre pour cacher l’argent de son maître (v.18). Il n’est pas soucieux du talent confié par son maître. Il s’est endormi, n’a pas compris l’importance de la confiance de son maître, il n’a pas cru en ses capacités, et s’est laissé envahir par la peur.
Arrive le moment de rendre des comptes (V.19-30). « Longtemps après le maître revient » ; avec cette expression, Matthieu nous introduit à une lecture eschatologique, du retour du Seigneur, qui vient pour « régler les comptes » Le Seigneur n’oublie pas ce qui lui appartient, ni à qui il a confié ses richesses.
Les serviteurs n’ont pas tous reçus les mêmes talents, et tous ne reçoivent pas la même récompense. Les deux premiers sont récompensés pareil parce qu’ils sont allés jusqu’au bout de leurs capacités. Le Seigneur reconnait cette attitude et invite le premier, comme le deuxième, à « entrer dans la joie du maître » (V.21.23) ; ce qui n’est rien d’autre que la pleine participation au Royaume de Dieu. Cette joie est celle des banquets : l’heureux élu passe de sa condition de serviteur à celui d’invité du Seigneur.
Le troisième serviteur commence par déclarer qu’il sait la dureté et l’avidité de son maître, et que c’est cette pensée qui l’a conduit à la peur. Et il ajoute « voici ton talent, tu as ce qui t’appartient » ; à la différence des deux autres, ce serviteur n’a pas fait sien le souci des biens de son maître. Ce dernier va se montrer dur contre ce serviteur paresseux (V.26), ce bon à rien (V.30). Ce serviteur est dépouillé de son talent, en plus d’avoir perdu la confiance que le maître avait déposée en lui, les attentes du maître ; sont trahies. Ce serviteur n’a fait rien de mauvais, seulement il s’est laissé envahir par la peur de perdre son confort et il est finalement livré à la condamnation.
Bref : Dieu à confiance en nous, il veut faire de nous les partenaires de ses biens et de la joie du Royaume. A nous de veiller aux intérêts du maître, de travailler avec promptitude et dynamisme pour faire croître les biens que le Seigneur nous a confié.
Soeur Maria Esperanza