Ce très beau texte des Béatitudes est à juste titre fort connu, et il est tout à fait essentiel. Il se trouve dans l’évangile de Luc et il est présenté comme le véritable commencement de la prédication de Jésus aux foules qui le suivent. Ce  » sermon sur la montagne  » est surprenant, tant son expression est paradoxale. Qui aujourd’hui oserait dire « heureux les pauvres, heureux les affamés, heureux ceux qui pleurent  » etc ?… Un très mauvais programme, si on le comprend uniquement au sens premier,  pour rechercher le bonheur, auquel aspire tout être humain… Ce bonheur que nous souhaitons tous, sans savoir où le trouver, en  nous trompant de chemin, souvent aveuglés  par notre égoïsme et notre orgueil. Alors Jésus nous indique la route pour parvenir à une joie sans limite et sans fin, bâtie sur les vraies valeurs que le Père lui a confiées. Dès aujourd’hui, très concrètement, à l’image de Jésus, essayons de mettre en pratique les Béatitudes, en sachant leur donner tout leur sens, pour rayonner de l’amour de Dieu.

Heureux les pauvres…   Jésus ne fait  évidemment pas l’apologie de la misère, il nous demande plutôt d’avoir un cœur de pauvre, disponible pour lutter contre elle. Si nous possédons des richesses matérielles ou si nous avons quelques dons, pensons  à les partager, à les mettre  au service des autres. Cessons  aussi de nous laisser séduire par la société de consommation, qui nous pousse à toujours envier, faisant de nous d’éternels insatisfaits. Être pauvre c’est aussi reconnaître qu’on a besoin des autres et sur le plan spirituel qu’on a besoin de Dieu. Ces besoins créent une dynamique, un désir  qui bien heureusement nous mettent en marche.

Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés...Les épreuves de la vie ne nous épargnent pas, mais elles sont plus légères à porter lorsqu’un ami, un parent, nous accorde un temps d’écoute, lorsqu’un inconnu nous sourit. Nous ressentons une certaine paix quand nous pouvons à notre tour être des « consolateurs ». Il suffit parfois de peu de chose pour remettre quelqu’un debout et lui permettre d’avancer de nouveau.

Heureux les doux… La charité nous invite à être humbles, bienveillants, patients, capables de pardonner. Il nous faut éviter la colère, la rancune, l’orgueil. Il  ne faut  pas vouloir écraser tout le mondepour être le plus grand. Cependant être doux ne signifie pas accepter l’inacceptable: la méchanceté, le mal sous toutes ses formes, les injustices de tous ordres. Il y a comme on dit «  de saintes colères » , Jésus lui même  n’a t-il pas pris un  fouet  pour chasser les marchands du temple ?

Pour travailler au plan d’amour que le Père a pour tous les hommes, il nous faut être des assoiffés, des affamés de justice notamment de justice sociale pour nos frères dans le besoin. Nous serons alors heureux d’être miséricordieux, c’est-à-dire d’avoir un cœur plein de compassion, pour celui qui souffre. Si on aime en vérité l’autre comme nous-mêmes,  ensemble nous trouverons les  moyens de l’aider.

Heureux les miséricordieux… Si nous savons résister au réflexe de condamner quiconque, en raison de ses faiblesses, de ses erreurs, de ses fautes, alors la porte de notre cœur s’ouvrira et nous  connaîtrons la joie de ne pas juger, et d’être nous-mêmes pardonnés.

Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu… Si nous avons un cœur pur, sincère, exempt d’hypocrisie, une conscience qui reflète la Charité, alors nous pourrons dès aujourd’hui discerner la présence de Dieu dans nos vies et dans notre monde. Et cela est une source de bonheur.

Heureux ceux  qui font œuvre de paix, ils seront appelés fils de Dieu.   Heureux sommes-nous si nous pouvons être des artisans de paix dans notre famille, dans notre quartier, sur notre lieu de travail. Une tâche parfois difficile, longue, lourde qui demande de l’énergie, de la discrétion, de la persévérance. Si nous nous engageons à bâtir la paix et la justice (car l’une ne va pas sans l’autre), par exemple dans un engagement citoyen, alors nous serons dignes du beau nom de filles et de fils de Dieu.

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice…   Ceux qui sont prêts à se donner totalement pour faire la volonté du Père  en dénonçant la méchanceté des hommes, jusqu’à souffrir et endurer des persécutions, sont les saints de son royaume, et par conséquent heureux parce qu’ils sont ses fils authentiques, identiques à Lui. L’histoire de la chrétienté fait mention de tous ces hommes et femmes  d’exception que nous honorons. Puissions-nous suivre leur exemple, en inventant des chemins de sainteté, sans doute plus modestes, mais tout aussi authentiques.

En conclusion, rappelons les paroles du Pape François: « les Béatitudes sont le portrait de Jésus, son mode de vie;  elles sont le chemin du vrai bonheur que nous pouvons parcourir nous aussi, avec la grâce qu’Il nous accorde;  Luc nous montre le Maître debout sur une montagne, prêchant avec autorité et majesté. Aujourd’hui ces paroles s’adressent toujours à nous aussi, comme si nous étions mêlés à la foule. »

Sr Maria-Fabiola Velasquez

Sr Maria Fabiola Velasquez