Les étrangers, des Grecs sont arrivés.

Des Grecs, des étrangers venus de loin, jusqu’à Jérusalem veulent « voir » Jésus. Il n’est pas difficile de se sentir proche d’eux car au plus intime de nos existences le désir voir, révélateur de nos attentes nous pousse pour aller rencontrer l’autre ou encore tenter des découvertes qui aiguisent nos recherches et satisfont nos connaissances. Il est possible de faire des kilomètres, de parcourir la planète pour « voir » et laisser cette impulsion forte mettre en marche les chercheurs que nous sommes quel que soit le but. Nous ressentons combien la situation actuelle a mis à mal ce désir quand la vie relationnelle est réduite parfois rendue impossible dans certaines circonstances de santé, quand le temps de l’exploration se raréfie.

Ce Jésus a acquis une réelle renommée parmi les juifs, des foules accourent à Lui, sa parole est puissante, il a de l’autorité, Il a posé des gestes forts comme « faire entendre les sourds, parler les muets et chasser les démons » si bien qu’on le prend pour un prophète et les Grecs cherchent comment le rencontrer. Alors ils utilisent les proches de Jésus pour être introduits auprès de lui. A la demande des Apôtres Philippe et André, Jésus se montre accueillant à ces derniers venus comme si il les attendait pour parfaire sa mission. Jésus entame une large explication en ce qui le concerne : « L’heure est venue où le fils de l’homme doit être glorifié ».

Jusqu’ici Il a parlé de sa passion à ses proches, ceux qu’il avait choisi comme apôtres, il avait longuement instruit ces foules venues à lui, maintenant c’est au monde entier qu’il enseigne ce qu’il va vivre et comment cela devra être compris, on peut voir ici comme une préfiguration de l’Eglise primitive qui se chargera de reprendre ce message jusqu’à nous ; L’exposition est solennelle, elle commence par un double « amen » pour aiguiser l’attention. Retenons :

  • une parabole : un grain de blé dont l’avenir est d’être mis en terre ce qui veut dire mourir et donner la vie en portant du fruit. L’appropriation faite par Jésus, en référence à la parole du prophète Jérémie : « je susciterai à David un germe juste » (23, (5) le désigne comme Messie Sauveur, qui par sa mort va porter beaucoup de fruits et entrer dans la gloire.
  • le fait que pour Jésus l’heure est venue. Une plénitude de la mission s’exprime, ce qui a précédé s’éclaire par ce qui va arriver, Le chemin vers le Père est ouvert, le Royaume est là dans ce Germe promis à David, qui prend la forme du Serviteur : en donnant sa vie le Royaume est ouvert à tous il ne connait pas l’exclusion.

Nos esprits continuellement taraudés par la recherche du sens à donner à nos existences trouvent ici comme une lueur, peu importe dans quelle condition l’auditeur se trouve quand il entend :

La Parole s’adresse au grain de blé qui dort en nos cœurs, et l’invite à être de ce peuple élu qui dépasse maintenant tous les territoires et encore à vivre de ce mystère de mort et résurrection à travers de multiples contraintes et blessures mais qui comprend, malgré tous les obstacles qu’une rencontre d’amour est possible, une rencontre capable de transformer jusqu’à la glorification.

Jésus lui-même donne une information inouïe : « Là où je suis là sera mon serviteur ». Vivre de la Parole de Jésus nous fait « serviteur » son attraction comme sa promesse traverse la mort. Croire que Le suivre ici et maintenant, transforme notre vie, donne la force d’aimer au-delà des blessures ou même à cause des blessures et nous fait aimer d’être de ce monde. Et cela bouleverse Jésus à tel point qu’il s’en remet au Père pour que cela soit, ce que la voix venue du ciel confirme. Laissons-nous habiter par la certitude que la mort est notre passage vers la rencontre du Christ, certitude qui peut vaciller par moment mais qui grâce à quelques « témoins » d’hier et d’aujourd’hui nous donne l’Espérance ; qu’elle nous prenne par la main pour vivre le mystérieux chemin pascal.

Sr Monique Colrat op