Evangile de Jean 1, 6-8. 19-28

« Il est au milieu de nous et nous ne le connaissons pas

Ce qui me tient à cœur, ce qui retentit à mes oreilles, ce que j’aime du texte de ce dimanche c’est ce que je vais partager avec vous en toute simplicité :

C’est la réponse que Jean a donné à la question abordée sur le sujet « d’être ou pas » le Christ qui doit venir. Il dit nettement : non, « je ne suis pas »… « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ».

Pour moi quelques questions :

Tu es ce qui Est, donc nous sommes « ces » qui ne sommes pas ?

Pourquoi : « si Tu es » ce qui existe infiniment depuis toujours, pourquoi es-Tu le grand inconnu ?

Et nous qui existons depuis peu de temps, « nous ne sommes pas », nous ne sommes pas grand-chose pour le monde, pour les politiques, pour les gouvernements, pour les religions, pour la société. Au contraire, Toi, «Tu es consistance, Tu es Parole, Tu es Source, Tu es Force Créatrice et Rénovatrice.»

Quand Dieu dit à Moïse : « Je suis », affirmation d’une présence, présence qui n’est pas créature qui est Créateur, présence inlassable dans la création, en chaque créature en chaque infime particule de l’univers, en tout et partout ce qui nous apporte l’harmonie. Cette présence dans notre monde, ce « je suis » c’est l’incarnation d’un Dieu en nos propos, l’inédit qui nous assure que nous sommes capable d’engendrer au milieu des conflits : la paix, tisser la communion, faire face aux nouveaux défis écologiques et autres… Savoir percevoir comme Jean Baptiste dans les temps qui viennent les temps d’espérance.

Qui est Celui qui dit : « Je suis » qui est au milieu de nous et qu’on ne connait pas ?

Nous ne te connaissons pas et pourtant il est simple de te reconnaître, simple de ne pas t’ignorer, car c’est avec toi que nous sommes.

C’est avec toi que nous avons parfois peur, parfois en lutte, en solidarité, en conformité et indignation ou accommodation ?

Face à cette réalité sociale, tantôt nous sommes démocratie tantôt nous sommes hiérarchie. De ce fait nous urge notre transformation puis de nous encourager mutuellement à entendre l’Appel à bouleverser les modèles de connivence.

« Il est au milieu de nous et nous ne le connaissons pas » : êtres que nous sommes, autant complexes puisque contradictoires. Il est avec nous dans nos cris contre la violence, dans les efforts de nous libérer de la guerre, Il est avec nous, dans l’unité quand s’enrichissent les différences, dans la joie des rencontres, dans l’espérance qui nous semble parfois lointaine comme une eschatologie sans vie.

Je me redis ce qui est si évident : « Il ne vient pas », « Il est ici entre nous, au milieu de nous. »

Dans le sourire, dans la tristesse, dans la tendresse, la détresse ou dans l’espérance qui s’allume comme un feu dans le cœur. Nous attendons sans retour parce qu’il est là, le découvrir dans les différentes traces de l’univers, dans l’Humain, dans l’Incontournable.

Notre lutte pour la dignité des plus faibles, notre lutte de toujours qui au présent se transforme dans le défi de la gratitude qui accueille, de l’échange profond, de  l’élargissement du regard, si bien qu’il faut être ouvert à tout renouveau, à des réflexions d’experts et scientifiques… Il faut aussi être attentif à ne pas se laisser piéger par de nouveaux systèmes qui s’imposent, nous dénigrent, nous réduisent, nous soumettent, et entravent la liberté.

En Jésus qui s’incarne, nous sommes invités à nous incarner, en lui nous sommes convoqués à être présence qui redonne : Espérance.

La mission de Jean est  un symbole de  mission pour tout chrétien dont la reconnaissance en Jésus doit se transformer en communion comme accueil des différences qui s’harmonisent en même temps et nous ouvrent à révéler le chemin qui conduit au Royaume.

Sr. Ruth Esperanza TORRES