En ce treizième dimanche du temps ordinaire, l’Eglise nous donne de méditer sur les exigences de notre vie chrétienne. Dans l’Evangile de St Matthieu, Jésus nous adresse des paroles dures et difficilement acceptables ; ce qui n’est rien d’autre que le chemin qu’il a lui-même suivi aux yeux de tous et cela pour nous signifier que ce n’est pas impossible. En effet il dit ceci : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi ». On pourrait dire que Jésus est un Dieu jaloux qui veut posséder le cœur de l’homme à Lui seul. Mais dans l’Evangile de Matthieu, ce passage se situe dans le discours missionnaire de Jésus, dans un contexte où Il donne des directives à ses apôtres pour la mission qu’il entend leur confier. Ces paroles que lance Jésus à ses apôtres sont bien compréhensibles dans ce contexte parce qu’importantes pour la mission. Car c’est l’amour qui fonde toute bonne œuvre. Et c’est l’amour du Christ qui fonde toute mission du Christ. Rappelons-nous des interrogations de Jésus à Simon Pierre quand Il voulait lui confier la charge de l’Eglise. A trois reprises Il lui a posé la même question : m’aimes-tu ? Jn 21, 15-17. Pour montrer comment l’amour est indispensable à la mission. Il nous faut avoir cet amour brûlant du Christ qui nous pousse au témoignage. Dans le cas contraire on ne peut parler de mission. Les missionnaires sont appelés au détachement. C’est à dire à quitter leur famille et leur terre pour annoncer l’Evangile ailleurs. Et, tant qu’il n’y’a pas cet amour plus fort de Jésus qui nous permet de mieux le connaître et nous incite à le transmettre aux autres ce sera difficile de vivre ce détachement et encore moins de réussir notre mission. C’est aussi une mission difficile qui demande d’être connecté à son auteur pour qu’Il nous soutienne. Car il a lui-même dit ceci : « De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi ». Jn 15,4. Sans l’aide de Jésus les apôtres ne peuvent rien faire. D’où les recommandations d’amour exigées par Jésus dans ces premières phrases. Nous pouvons développer cet amour par un désir profond de le connaître, une méditation quotidienne et la pratique de sa parole. Car parler de ce qu’on ne connait pas sera du mensonge. Voilà une première raison des exigences.

Mais si l’on poursuit la lecture on remarque que Jésus insiste beaucoup sur le mot « accueil » qui revient au moins six fois. Il affirme aussi : « qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé ». On peut dire que dans cette phrase est compris tout le sens des paroles énoncées plus haut et que nous jugeons difficiles. Jésus s’identifie à ses envoyés. Et, représenter Jésus demande d’avoir une vie totalement imprégnée de sa présence, de son amour au point de refléter sa vie et sa présence aux yeux du monde. Chose qui ne peut se faire sans un amour ardent pour Lui. Cependant dans cette parole, Jésus ne s’adresse pas seulement aux missionnaires mais aussi à ceux qui les accueillent. Accueillir un missionnaire c’est aussi se soumettre à la parole qu’il annonce, c’est la mettre en pratique et devenir à leur tour le Christ.

Baptisé au nom du Père, du Fils et du St Esprit, nous sommes désormais dans une nouvelle famille qui a ses exigences. Où le témoignage est le quotidien de tout baptisé. C’est dans cette logique que ces paroles nous sont adressées en ce jour. Afin que nous fassions une relecture de vie, méditer sur notre vie de missionnaire et notre rapport à la parole. Quel lien existe entre le Christ et moi ? quel est mon rapport à la prière ? Comment j’accueille la parole de Dieu dans ma vie ? Est-ce que ma vie reflète celle du Christ ? Ce sont là des questions qui peuvent nous aider pour notre méditation. Bonne journée dominicale.

Sr Mélanie Kéré