Sainte famille ?
Fuite en Égypte, vitrail à Taizé, par frère Éric.
Il faut, ce dimanche, lire le passage de l’évangile selon Matthieu en entier et ne pas sauter à pieds joins par-dessus le massacre des innocents.
En effet, la « sainte famille », n’est pas l’exact modèle d’une famille parfaite, mais plutôt d’une famille éprouvée : le père n’est le père de l’enfant que par adoption, et voilà qu’à peine né, il a la charge d’emmener l’enfant et sa mère loin du danger qui les menace. Ils doivent fuir à l’étranger. Famille d’exilés, déplacés loin de chez eux pendant de longs mois, famille semblable à tant d’autres, qui sont séparés, ou chassés d’exil en exode, en attente de trouver « une place pour vivre », voilà « la sainte famille ».
Plus grave et plus scandaleux encore, à l’occasion de la naissance de cet enfant, d’autres enfants seront massacrés par Hérode, qui veut être sûr que « le roi des Juifs qui vient de naître » ne soit pas un danger pour lui. S’il n’est pas certain que ce fait soit historiquement avéré, cela signifie que le récit a avant tout une charge théologique. Il me semble que cela vient nous rappeler que la naissance de Jésus nous ouvre les yeux sur la réalité du monde : si Dieu se fait petit enfant, voilà que nous pouvons réaliser à quel point sont nombreux les enfants maltraités, si petits, si vulnérables, qui n’ont nul Joseph pour les protéger hors de l’emprise des tyrans, domestiques ou politiques.
Aussi n’est pas possible de fêter la sainte famille sans faire mémoire en même temps du martyre des saints innocents, qui disparait cette année, caché par le dimanche qui liturgiquement prend le pas.
Si l’énigme de ce malheur ne trouve nulle explication, nulle justification, il nous reste de ne pas rester devant les bras ballants, et de trouver comme Joseph, la force nécessaire à protéger l’enfant Jésus partout où il se trouve aujourd’hui.
C’est peut-être une grâce à demander.
Anne Lécu op
¿La Sagrada Familia?
Este domingo es necesario leer el pasaje del evangelio según Mateo en su totalidad y no saltarse de un brinco la matanza de los inocentes.
En efecto, la «Sagrada Familia» no es el modelo exacto de una familia perfecta, sino más bien el de una familia puesta a prueba: el padre lo es solo por adopción, y he aquí que, apenas nacido el niño, recae sobre él la responsabilidad de llevarse al niño y a su madre lejos del peligro que los amenaza. Deben huir al extranjero. Familia de exiliados, desplazados lejos de su hogar durante largos meses, familia semejante a tantas otras que son separadas o expulsadas en el exilio, en éxodo, a la espera de encontrar «un lugar donde vivir»: eso es la «Sagrada Familia».
Más grave y aún más escandaloso, con motivo del nacimiento de este niño, otros niños serán masacrados por Herodes, que quiere asegurarse de que «el rey de los judíos que acaba de nacer» no sea un peligro para él. Aunque no sea seguro que este hecho esté históricamente acreditado, ello significa que el relato tiene ante todo una carga teológica. Me parece que viene a recordarnos que el nacimiento de Jesús nos abre los ojos a la realidad del mundo: si Dios se hace pequeño niño, entonces podemos darnos cuenta de cuántos niños maltratados hay, tan pequeños, tan vulnerables, que no tienen a ningún José que los proteja de la dominación de los tiranos, domésticos o políticos.
Por eso no es posible celebrar a la Sagrada Familia sin hacer memoria al mismo tiempo del martirio de los Santos Inocentes, que este año desaparece, oculto por el domingo que litúrgicamente prevalece.
Si el enigma de esta desgracia no encuentra explicación ni justificación alguna, nos queda no permanecer con los brazos caídos y encontrar, como José, la fuerza necesaria para proteger al niño Jesús allí donde hoy se encuentre.
Quizá sea una gracia que pedir.
Anne Lécu op