Autour de la table de la dernière Cène, Jésus rejoint par ses paroles les interrogations et les cœurs bouleversés de ses disciples. Et par eux, c’est nous aussi que Jésus veut rejoindre.
« Philippe ! Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas. (Jean 14, 9).
Voilà presque trois ans, que Philippe et les autres apôtres ont cheminé avec Jésus à travers les villes, les villages de Palestine. Ils l’ont entendu parler, ils l’ont vu poser les signes de la présence et de la miséricorde de Dieu. Il l’ont vu rencontrer, consoler, encourager, guérir, appeler, relever, prier. Ils l’ont vu aimant et faisant le bien au nom de Celui qui l’a envoyé.
« Montre-nous le Père, dit Philippe et cela nous suffit ! (Jean 14, 8). La réponse de Jésus à Philippe vient lui dire que dans la rencontre et dans la connaissance de l’autre,
Qui est le Père, on n’a jamais fini d’accueillir et de découvrir. Ma relation à l’autre, au Tout-Autre n’arrive jamais à un point de suffisance !
Je vais vers l’autre comme un explorateur à la découverte d’un continent. Je me laisse surprendre et réjouir par les paysages, par les rivières serpentant dans les forêts, par les sources cachées dans les montagnes, par ce qui se donne à voir au fur et à mesure que mes pas
Avancent sur les chemins. Il faut exercer son regard à l’ouverture, son oreille à l’écoute et son cœur à l’émerveillement. j’ai toujours à recevoir de l’autre.
Dieu, Père de Jésus et notre Père, toujours plus grand, à la fois proche et insaisissable.
« Celui qui m’a vu, a vu le Père » Et encore : « Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de
Moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres. dit Jésus (Jean 14, 10).
En regardant Jésus, le Fils Bien-Aimé du Père, ce sont les gestes de Dieu qui sont posés pour nous. En écoutant Jésus, Verbe de Dieu, ce sont les paroles de Dieu qui nous sont dites.
Jésus appelle aujourd’hui encore à être ses disciples, à venir à lui doux et humble de cœur,
Pour avec lui et par lui, aller vers le Père. Il nous propose d’entrer dans une alliance d’amour avec notre Père, et entrer toujours plus en profondeur dans cette alliance en laissant Dieu nous révéler patiemment et progressivement son visage, sa miséricorde et son désir de nous faire demeurer en lui, en son sein, en devenant par son Esprit répandu sur toute chair, enfants de Dieu. (cfr Jean 1, 18).
Jamais personne ne peut dire : Maintenant je connais Dieu et cela me suffit. De la même manière, jamais personne ne peut dire de tel ou tel, je le connais assez et cela me suffit.
Jésus nous ouvre une relation toujours à approfondir et à renouveler avec Dieu pour le laisser davantage être Père en moi, et une relation toujours à approfondir et à renouveler avec l’autre pour me laisser devenir pour lui un frère ou une sœur.
Allons sur les traces de Jésus le Christ, le Ressuscité, l’étranger qui rejoint nos chemins d’Emmaüs.
Entendons-le nous dire : « Confiance ! Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. » (Jean 14, 6).
Sr Geneviève Rochas