Pour Jésus le temps du désert succède au baptême, comme un temps fondateur pour lui-même et pour chacun(e) de nous car son incarnation va jusque-là : épouser nos existences jusque dans ses combats.

Le désert m’a toujours fasciné. Je l’ai découvert dans les livres et les reportages … puis vint la joie d’y « goûter » lors d’un très beau pèlerinage en Terre Sainte.

En écrivant, je revois le soleil dorant le sable et les roches, je ressens la chaleur et me souvient de mon émerveillement devant la vie : quelques escargots de sable, quelques petites fleurs et le passage de nomades. La vie est là, plus forte que la mort, qui est bien là aussi !

Au cœur de cette immensité de sable et de roches, je me souviens de ce sentiment profond de petitesse, le mot est vraiment faible, de fragilité, de vulnérabilité. Au cœur de cette expérience très humaine et spirituelle se côtoient un désir de se suffire sans avoir besoin ni de Dieu ni des autres mais aussi ce sentiment de ne plus savoir où puiser ses forces.

St Marc précise bien : « Le désert, lieu des bêtes sauvages » de toutes sortes, à l’image de ces déserts de nos vies, de nos existences traversées par tant de tentations, d’épreuves (mais aussi des joies, heureusement !).

Je pense à ces déserts d’aujourd’hui traversés par tant de nos contemporains en ehpad, dans une cellule de prison, au cœur d’un appartement du quartier… affrontant ces bêtes féroces du découragement, de la souffrance, de l’isolement, de la maladie, de l’addiction…

Jésus a connu l’épreuve de la tentation 40 jours, nous précisent les évangélistes. Le temps est là qui fait son œuvre. Il y aura un temps pour prêcher et guérir, mais celui du désert a précédé, comme un temps nécessaire au combat en vue du recentrement et de la victoire !

Pas de victoire sans combat mais pas de combat sans être en éveil car il faut l’être pour se découvrir en vérité !

Heureusement, Saint Paul nous équipe pour le combat : « « Oui, tenez bon, ayant autour des reins le ceinturon de la vérité, portant la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de l’ardeur à annoncer l’Évangile de la paix, et ne quittant jamais le bouclier de la foi, qui vous permettra d’éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais. Prenez le casque du salut et le glaive de l’Esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu. » (Ep 6, 14-17)

Heureusement encore, Marc joint aux bêtes féroces du désert, « les ANGES ». Mais qui sont -ils il y a plus de 2000 ans … jusqu’à aujourd’hui ? N’en sommes-nous parfois pas ? …. sans doute !

Alors peut-être pourrions-nous parler de « bienheureux combat », à condition de puiser notre force dans celle du Christ, victorieux du mal, de la souffrance et de la mort, comme nous le fêterons dans 40 jours et de croiser des anges.

Jésus victorieux du combat, partira prêcher la VIE : « convertissez-vous et croyez à l’Evangile », ces mêmes paroles que nous avons entendues mercredi dernier en recevant les cendres. La boucle est bouclée !

Très bonne traversée du désert à chacun !

                                                                                Sr Elisabeth LEMIERE