»  FAIS BRILLER SUR NOUS SEIGNEUR LA LUMIÈRE DE TA FACE «                                                                                                                                          (Ps.4,7)

Remarquons tout d’abord que ce 4e dimanche de Carême est également appelé « dimanche de Laetare« , c’est-à-dire dimanche de la joie…et alors les ornements violets sont remplacés par des ornements roses au milieu du Carême, car l’Église fait une pause pour mieux viser la joie qu’elle prépare .

Malgré cette joie, nous prenons en compte la situation de tant d’exilés dans notre monde actuel !  Ils ont abandonné leur pays duquel un changement brutal de régime les a chassés…

Ils gardent la nostalgie des lieux et des personnes qu’ils ont dû quitter ; mais ils entretiennent secrètement au fond d’eux-mêmes la fervente espérance de retourner un jour dans la patrie perdue et d’y restaurer la liberté.

Ils apporteront avec eux les valeurs et l’idéal dont ils vivent . Ils ont la conviction profonde que leur pays tout entier doit aussi en vivre pour son bonheur

Première lecture.    2 ch 36,14-16,19-23

Aussi bien dans l’exil d’ Israël que dans son retour , l’auteur des Chroniques trouve des motifs d’espérance:  la main du Seigneur a tout fait . Dieu est fidèle à sa parole , aussi bien dans le châtiment que dans la miséricorde. puisque les écritures s’accomplissent, nous devons continuer à nous appuyer sur elles aujourd’hui pour interpréter notre temps et ce que nous vivons .

Deuxième lecture   Ephésiens 2, 4-10

 » TOUT EST GRÂCE ». Avec certitude nous pouvons dire que ces trois mots résument clairement la doctrine de Saint-Paul sur la gratuitité absolue du salut . Puisque par le baptême nous sommes vraiment citoyens du ciel , en attendant de l’être définitivement, nous le sommes déjà ici bas, pour autant que nous sommes enracinés dans le Christ.

Évangile Jn 3, 14-21

Quelqu’un comme Nicodème marche-t-il vers la lumière du Christ,qu’ aussitôt apparaît au grand jour ce qu’il est vraiment : en même temps ténèbres et lumière , installé et exilé tout à la fois . Exprimant l’amour du Père pour le monde, le Christ est envoyé pour que nous ayons la lumière mais encore faut-il que nous renoncions aux ténèbres pour aller avec tout notre être vers cette lumière.

Le Christ, nouvel Israël, a voulu partager la condition l’exil qui fut celle du peuple le juif. Par sa condition d’homme, il s’est fait l’un des nôtres, exilé comme nous. Mais il était porteur de toute l’espérance du monde, et seul capable de la faire aboutir. C’est ainsi que dans la mesure même où chacun de ses membres se laisse saisir par le Christ, cette espérance  découvre et dévoile au monde la vraie patrie où pour toujours nous serons chez nous.

L’Évangile de ce jour, qui en réalité correspond à la fin du dialogue avec Nicodème, nous invite à nous laisser entrer dans le mystère Pascal avec Jésus, pour découvrir la vie nouvelle. En d’autres termes, Jean nous presse d’opter pour la lumière, de ne pas manquer encore une fois le rendez-vous, et de nous engager dans une démarche qui consiste à « faire la vérité », c’est-à-dire à considérer notre vie à partir du Christ, « lumière du monde » et non plus à partir de nos seuls critères…

Un tel objectif peut nous sembler simple, mais Jean qui connaît les tréfonds de l’âme humaine, sait que ce travail intérieur ne se fait pas sans conflit, sans crise…

Dès le prologue de son Évangile (Jean 1), nous sommes avertis de ce combat entre la lumière et les ténèbres qui se joue en nous. Car venir à la lumière et faire la vérité implique la reconnaissance de notre opacité, de notre participation – active ou passive-  à ce qui défigure le monde et nous-mêmes, à ce non-amour dont nous souffrons tant. Or, nous savons par expérience combien notre tendance première est de rejeter ce mal- être sur l’extérieur -personnes  ou circonstances;  ce qui peut être en partie juste, mais Jésus nous propose un autre chemin, qui passe par un retournement profond de notre cœur. Car qui dit conversion dit changement et perte des sécurités acquises.

Voilà pourquoi seul l’Esprit d’amour peut nous donner le désir et la force d’approcher la lumière qui fait sortir de la confusion entre le bien et le mal, la vérité et le mensonge… Alors ancrons- nous dans la contemplation de ce « Dieu qui a tant aimé le monde ».

  • Ainsi dans cettte dynamique,  peut-être aurons-nous l’audace de nous lancer dans l’aventure de la vérité qui libère et  qui permet de vivre en cohérence avec les lumières reçues.

Sr  Maria-Fabiola Velasquez