Dimanche dernier nous fêtions l’accomplissement de la Promesse du Christ à ses apôtres : l’effusion de l’Esprit. La liturgie de ce dimanche nous ramène au moment et lieu de cette promesse, méditée durant des années par Jean, l’apôtre bien aimé. (ensemble des chap 14/16)

Durant ces quatre versets, la variété des temps des verbes me parle : de Dieu, de notre humanité, de chacune de nos vies situées dans le temps, mais reliées à une autre dimension qui échappe et attire souvent à notre insu.

 

Situées dans le temps

« Jésus disait  à ses disciples ». Jean, se remémore, cette amitié partagée dans une période historique ; paroles, entendues, reçues, ruminées, méditées, intériorisées, enfin… transmises, rédigées ! Pour nous, lecteurs, invitation à revisiter cette étape où l’annonce du départ de Jésus alourdit les cœurs, bouscule les attentes ! Mais dont Jean a expérimenté, dans sa vie l’éternelle actualité des paroles entendues !

« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire », à vous dire à chacun, à te dire, à toi, là, aujourd’hui, maintenant ! Là où tu es, là où tu en es. « Mais maintenant, vous ne pouvez pas les porter ». Quelle tendresse fraternelle dans l’expression simple de ce constat de limites, reconnues sans culpabiliser, orientées par la promesse d’un Défenseur. Quand Jean  évoque ce moment fort, c’est transformé par l’expérience du  passage par la mort et de la résurrection du Christ, le feu de Pentecôte, les évidences, constatations, transformations apportées par l’irruption de l’Esprit dans sa vie, et celle de l’Eglise naissante. Il nous en livre alors, la perpétuelle actualité.

« Quand il viendra, Lui, l’Esprit de vérité » : Nouvelle phase de la Promesse/alliance, se réalisant au rythme de l’homme, du déroulement de l’histoire, du développement humain de chacun, de nos sociétés, toujours en à-venir. « Tout ce qu’il aura entendu, il le dira ; ce qui va venir, il vous le fera connaitre… » Ce consolateur annoncé, viendra parler, transmettre, et par là, agir, regard bienveillant ; envoyé « il transmettra  ce qu’il aura entendu »  Lui-même, l’Esprit, « recevra » au fur et à mesure des besoins, circonstances, des lieux, de l’aujourd’hui  des personnes et des aléas de l’histoire, ce qu’il doit transmettre.

Passé, présent, futur, Jean ressaisit la pluralité des visages de l’Amour de Dieu venant à notre rencontre.

 

Reliées à une autre dimension

« Esprit de Vérité, il vous conduira vers la vérité tout entière ». Son action entraînera vers la Vérité nos vies personnelles, sociétales ; toute vie quelle qu’en soit la forme, la situation ! Sans en rejeter aucune, il  fera cheminer chacun vers la part de vérité qu’il sera en capacité de recevoir, de faire jaillir, là où il est, où il en est, là où la vie l’a planté, l’a conduit, voire l’a brisé ou interpellé ! La bible de Jérusalem  traduit « Il vous introduira », « Il dévoilera ». Ces termes me parlent d’intériorité, d’entrée progressive dans le mystère : « vers la Vérité toute entière » jamais acquise, jamais totale, jamais possédée ! Etincelle des dons gracieux de Celui qui donne et se donne, comme Il veut, quand Il veut, autant qu’Il veut… gratuitement, sans limite, si loin de nos imaginaires ; nos manques, nos limites  attirant son regard.

Or, ce qu’il recevra « vient de moi… Tout ce qui appartient au Père est à moi ». Nous voici revenu dans le présent : l’éternel présent de Dieu ! Cet homme Jésus avec qui il a partagé des années, Jean l’a souvent cherché et trouvé en prière, en relation intense avec Celui qu’il nomme « son Père ». Relation permanente confirmée par Jésus se nommant, « Fils du Père », dans un présent permanent, une égalité d’Être « Tout ce qui appartient au Père est à moi ». Relation du Père et du Fils avec cet « Esprit qui reçoit, en permanence,  ce qui vient de moi », -et donc du Père-, et qui recevra de Nous cette vérité pour vous la faire connaitre au fur et à mesure du déroulement de votre histoire.

Cette vérité promise, chacun à la mesure qui nous sera donnée, nous y accéderons quand « nous le verrons tel qu’Il est » car « nous Lui serons semblables » nous dit encore Jean. Dans l’aujourd’hui, chacun reçoit une étincelle à saisir, à rencontrer, à savourer et, quand c’est possible, à partager ! N’est-ce pas ainsi, aussi, que l’Esprit nous est donné ?

Comme m’y invitent souvent les psaumes : Habite la terre… Habite aussi ce Lieu Trinitaire qui t’habite… «  Demeure, patrimoine, héritage » (ps 68,36)… Laisse toi habiter par Celui qui, Père, Fils et Esprit, désire, dans son Présent-éternel, habiter chaque vivant.

Que de mystères au cœur du réel de ma vie que ces quatre versets ! Chemin ouvert, révélation offerte à tous ceux et celles qui veulent bien l’accueillir et en faire l’expérience : Versets qu’il a fallu des années d’imprégnation à Jean et la communauté johannique avant de nous les livrer !

Viens, Esprit Saint, envoie un rayon de Ta Lumière

Viens en nous Père des pauvres !

                                                                                                                      Jeanne Marie Pagnoux