Dans cette parabole, il est question d’une veuve, image même de la pauvreté, du dénuement affectif, social, économique. Son seul statut est d’être veuve.

Il y a quelques veuves connues dans la Bible : Noémi, belle-mère de Ruth ; la veuve de Sarepta ; celle de Naïm ou celle qui met deux piécettes dans le Trésor ; à part Noémi, les autres n’ont même pas de nom. Jésus confiera sa Mère, une veuve de son temps, au disciple bien-aimé parce qu’on n’échappe pas à son époque et à son milieu mais Il rendra réciproque cette offrande  donc unique, donnant un fils à Celle qui est privée du Sien agonisant sur la croix ! Là, chacun reçoit et donne.

Au livre du Deutéronome on peut lire : « Quand tu auras compté la dîme de tous tes revenus, tu la donneras au lévite, à l’étranger, à la veuve et à l’orphelin » (26,13)

« Tu te donneras des juges, ils jugeront le peuple avec justice. » (16,18)

Et en Isaïe : « Recherchez le droit, secourez l’opprimé, soyez justes pour l’orphelin et plaidez pour la veuve. » (1,17)

Un commentaire rabbinique donne cette définition : « Un juge doit être humble, craignant  le péché, de bonne réputation et populaire parmi le peuple. »

Tel n’est pas le juge de cette parabole. Et la ville qui a un juge ne craignant pas Dieu et n’ayant aucun égard pour personne n’est pas une ville où il doit faire bon vivre ! Ceci est peut-être vrai encore aujourd’hui …..

Donc une veuve … dont le bon droit est bafoué par son adversaire – et pire – par le juge chargé de la défendre.

Une veuve … un juge,

Une femme … un homme,

Une veuve réduite à une existence précaire et marginalisée … un notable parmi les nantis,

Une veuve sans place dans la société … un juge au rôle social important …..

Et pourtant … retournement de situation :

Une personne si insistante, si pugnace, qui revient à la charge jusqu’à ‘’commencer à ennuyer le juge’’, si persévérante dans sa requête obtient finalement gain de cause : non que le juge ait vraiment rendu la justice, il en est dépourvu , non, il s’est débarrassé d’une corvée mais la ténacité, l’opiniâtreté de la veuve sont venues à bout de la dureté de cœur de ce juge inique.

L’Evangile de ce 29ème dimanche se termine par une question brûlante qui nous touche de près : «  Le Fils de l’homme quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Face à cette redoutable question que cette femme de la parabole nous ouvre le chemin d’une prière qui ne se lasse de rien, ni du silence, ni de l’échec, ni de l’iniquité, ni de l’arbitraire, parce que la foi est la certitude d’être écouté, entendu envers et contre tout ou contre tous par celui qui n’est qu’Amour.

Dieu ne rend pas la justice, Dieu FAIT Justice. Il la fait comme il a fait la lumière. Et la lumière fut et c’était très bon !

Sœur Françoise-Chantal Lelimouzin o.p.