Quelle chance ont eu Pierre, Jacques et Jean:  ils sont invités par Jésus pour aller à la montagne,  lieu privilégié de la rencontre avec Dieu; pour prier et le voir prier.

Mais cette sortie est elle une simple journée de récollection, de mise à l’écart ? Non ! Ce récit nous entraine  plus loin,  plus profondément dans un cœur à cœur avec le Père. Et il nous laisse aussi voir la faiblesse de tout homme, accablé par ses fatigues et qui a besoin de dormir, alors même que Jésus continue à prier.

Jésus, à chaque moment important de sa vie, prie (Luc 3/21 -6/16-9/18- 9/28 – 10,21-11,1).  Sa prière est transformatrice et n’est jamais vaine.  Cette fois, il est allé à la montagne accompagné de ses trois amis pour qu’ils deviennent témoins de la manifestation de Dieu par son Fils.

« Pendant qu’il priait, son visage apparut tout autre, et ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante… »  Luc, n’utilise pas le mot « transfigurer » que Matthieu et Marc, eux, emploient dans leurs Evangiles. Luc préfère utiliser un langage modeste, pour mieux nous aider à comprendre que la prière de Jésus, et celle de tout homme, transforme le visage d’un rayonnement intérieur. Cet intérieur, c’est le cœur.

Dans la culture biblique, les vêtements ont une importance et surtout s’ils sont « blancs et fulgurants »;  le blanc est le signe des êtres célestes (Dn. 7/9-10/5.6) que les premiers chrétiens appliqueront toujours à Jésus ressuscité ( Ap.1,13 / Luc. 17/23-24.4). Ainsi, les vêtements blancs que nous portons lors des sacrements, sont signes de Pâques, signes des disciples associés à la gloire de Dieu.

« Deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Elie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem ».

Luc est le seul à nous dire le sujet de la conversation entre Jésus et les deux grands témoins de l’Ancienne Alliance : ils parlent de son départ, qui va se réaliser à Jérusalem; c’est là que Jésus va vivre sa Passion, sa mort et sa Résurrection. Jésus, il sait pourquoi il est venu, il sait où il va; il va vers le Père, pour entrer dans sa gloire en passant par la mort, accomplissant ainsi l’annonce faite par la loi et les prophètes.

Pierre et ses compagnons … accablés de sommeil,  se réveillent au moment précis de l’étonnante vision dont ils deviennent les témoins,  sans en comprendre le sens. Ce qui me semble intéressant, c’ est qu’ils n’ont pas échappé à voir la gloire de Dieu, malgré le sommeil.  Pierre a reconnu les deux hommes, d’où son exclamation « Maître, il est heureux que nous soyons ici, dressons trois tentes…. »  Pierre, d’une certaine façon, avait raison de vouloir prolonger ce moment avec Moïse et Elie, hommes de la montagne du Sinaï, tous deux artisans de la libération du peuple, de leur peuple.

Mais, Pierre n’a pas encore fini de parler, qu’un autre évènement arrive: « Une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisir de frayeur… » . La nuée est un élément constant tout au long de la Bible;  elle est le signe de la présence de Dieu qui accompagne et guide son peuple, comme par exemple lors de la sortie d’Egypte. Puisque les disciples n’ont rien compris à la Transfiguration, Dieu prend l’initiative de ce que l’on peut nommer une seconde révélation.

Et de la nuée une voix se fit entendre ; Celui-ci est mon Fils, mon Elu que je choisi, écoute-le ».

Notre Dieu, est un Dieu qui parle, qui nous parle, qui nous révèle ce qui lui est cher : Son Fils , qui est élu. De plus, Dieu nous interpelle en nous demandant d’écouter son Fils, qui a un message pour chacun de nous.

En ce temps de Carême, prenons le temps pour nous mettre à l’écart avec Jésus, pour prier, pour contempler et pour écouter le Maître et demeurer avec lui.

Sur quel sommet d’incandescence
Entendrez-vous le Bien -Aimé
Vous parlant depuis la nuée ?
Qu’il vous prépare à ses souffrances !
Suivez Jésus Transfiguré :
Demain, il sera crucifié
En signature d’alliance.

 (Strophe de l’hymne de Carême ‘en quels pays’)

 

Sr Maria-Esperanza Olarte-Matteus

Marie Esperanza Olarte