Le texte de ce dimanche nous fait accepter ce que souvent nous ne reconnaissons pas : avoir peur de…. et sentir que nous ne sommes pas seuls, seules.

Dans un pré-texte et un contexte d’envoi, Jésus met en garde contre la persécution et exhorte ses disciples à ne pas avoir peur, on pourrait même dire qu’il parle de double audace (versets 26-27) :

  • Ils n’ont pas à avoir peur, car il n’y a rien de caché qui ne sera découvert, ni de caché qui ne sera connu, dans un sens direct : la vérité réussira.
  • Ils ne doivent pas avoir peur de proclamer bravement le message qu’ils ont reçu. Ce que Jésus leur a dit, ils doivent le dire au monde entier. Dans ce verset (v.27) se trouve la véritable fonction du prédicateur.

La peur a le pouvoir psychologique de paralyser nos vies, nos pensées et nos actions. Des études menées dans le domaine des neurosciences et de l’intelligence émotionnelle montrent que la peur, la faible estime de soi, la dépression, l’anxiété et toute pensée, émotion ou sentiment négatif ont des effets néfastes sur notre vie quotidienne. Un tel état de peur produit des hormones qui affectent le cerveau, la circulation sanguine, la respiration, la vue, les organes du corps et même la façon dont on écoute ou réagit à toute pression ou conflit.Jésus n’ignore pas cette réalité et appelle trois fois les disciples à abandonner la peur. Est-ce parce que l’esprit et l’impact de la peur sont si puissants ? Trois fois, Jésus doit faire face à la réalité de la peur. Jésus nous appelle à mettre fin à la peur, cependant, il précise que si nous nous engageons envers lui et son projet, cela conduira à des conflits avec l’opposition.Celui qui a un message parle, dénonce, défend, confronte, accueille, écoute, libère et fait advenir le Royaume. Pour cette raison, en tant que disciples et messagers de Jésus, nous devons avoir une ferme conviction et une intrépidité courageuse, en restant fidèles à la Parole et aux actions du Christ.La reine Esther (Es 8, 2-3) est un exemple de l’importance d’agir avec courage dans des situations effrayantes, d’apprendre à développer la confiance dans le Seigneur, dans une prière forte et, malgré la peur, de se lancer à la défense de la vie ; de l’intégrité et la dignité de l’être humain.  Il y a tant de héros de la foi : Etienne, Jeanne d’Arc, Oscar Romero, Dorothy Stang et tant d’autres qui sont innombrables et méconnus, et qui peut-être sont parfois proches de nous,

C’est un défi extraordinaire pour aujourd’hui. Nous vivons dans un monde où les guerres internationales sont normales, les dépenses d’armement et de défense sont astronomiques et ne peuvent même pas être calculées avec précision. Comment pouvons-nous justifier de tuer des centaines de milliers de personnes et de gaspiller des fonds que nous n’avons pas à dépenser et en même temps de penser que nous suivons Jésus ? ou Des violations des droits fondamentaux de tant d’innocents, ou justifier l’injustice sociale devant la monté de violence face aux décisions gouvernementales qui favorisent une paupérisation des sociétés, développent la misère et les tensions sociales et rester indifférents ?

Malgré nos difficultés, nos limites à suivre le Christ, Jésus dit  aux disciples : « N’AYEZ PAS PEUR ! » Jésus met les choses en perspective. Il déclare que nous devrions plutôt craindre Dieu et non le monde ou l’injustice ou la répression. « Parce que tu as pouvoir sur la vie et sur la mort, tu fais descendre les portes de l’abîme et tu fais remonter du shéol… » (Sg 16,14)

Et la raison pour laquelle nous ne devons craindre personne d’autre que Dieu, c’est qu’il a son attention absolue sur nous. Même les petits oiseaux qui n’ont pas une telle valeur sont sous la garde de Dieu, encore plus nous qui valons plus.

Jésus conclut aussi fort qu’il commence : il appelle à un engagement inconditionnel. Il n’y a pas de place pour la neutralité. Quiconque veut échapper au chemin de l’engagement et de l’abandon absolu à Dieu en Christ n’est pas digne d’être disciple et perdra la vie. D’autre part, celui qui donne sa vie et la perd pour l’Évangile, il gagnera sa vie. Combien d’entre nous aujourd’hui sont prêts à être de vrais disciples du Christ face aux défis et situations actuels ?

Sœur Ruth Esperanza TORRES C.