Dimanche 11 mai 2025
Évangile (Jn 10, 27-30)

 Le Dieu qui fait

Nous sommes l’hiver, en la fête d’Hanoukha, fête de la dédicace, fête des lumières, du recommencement. Elle fait mémoire d’un petit groupe de juifs fidèles, dirigés par Juda Maccabée, qui vainquit l’une des armées les plus puissantes au 2e siècle avant notre ère, les Séleucides et chassa les Grecs du pays. Il reprit le Temple de Jérusalem pour le consacrer à nouveau, avec un nouvel autel, au Dieu unique ( 1 Malachie 4, 36-59) En cette fête, donc, Jésus « allait et venait » (Jean 10, 23) dans le Temple. Chez lui en quelque sorte. Mais voilà que les juifs firent cercle autour de lui. Bloqué, l’atmosphère change, devient lourde, inquiétante, jusqu’à l’heure, un peu plus loin dans ce même chapitre 10, au verset 31 (puis 39) où « ils apportèrent des pierres pour le lapider ». Les auditeurs sont devenus des adversaires.

Scène dramatique, cruciale. Les témoins demandent à Jésus de parler « ouvertement », de dire clairement qui il est et s’il est le Christ, le messie. En effet devant les juifs Jésus n’a pas prononcé ce titre. Au 1er siècle, en Palestine, il était très ambigu car l’occupation romaine l’a fait dévier vers une signification temporelle, nationale. Mais Jésus l’a utilisé pourtant, mais avec d’autres qui pouvaient entendre le sens qu’il lui donne ; la Samaritaine par exemple : « Je le suis, moi qui te parle. » (4, 25) La Samaritaine n’est pas dans la reconquête du pouvoir et de la terre, elle dont le peuple est méprisé des juifs et considéré comme païen. La Samaritaine peut entendre la parole de Jésus car elle est sans idéologie, simplement à l’écoute comme tous ceux qui sont déconsidérés des hommes qui se pensent justes. Car c’est le messie crucifié qu’il va falloir reconnaitre, et non le libérateur politique. Voilà ses brebis : celles qui vont confesser le messie d’en-bas, de toute humilité et de tout don, celui qui donne tout à son troupeau, à chacune de ses brebis. Personne ne les arrachera de sa main, de sa tendresse, de sa protection, de sa force aussi.

Pour ses interlocuteurs donc, sûrs de leur doctrine, jésus propose un pas de côté : regarder les faits, le réel, ses œuvres. Rien de plus concret. Au chapitre précédent, c’est l’aveugle de naissance qui est guéri, et en Jean 5, c’était un infirme au bord de la piscine de Bethzatha. Quoi de plus clair qu’un aveugle qui voit et un paralysé qui reprend son grabat et marche ? La parole faite corps. Mais voilà, ça ne va pas. Pourquoi ? Parce que ces deux guérisons ont lieu un jour du sabbat.

Il faut choisir son camp : celui de l’observance, quitte à laisser mourir, à délaisser le souffrant, ou celui de l’action qui rend la vie. Et que ce soit le jour du sabbat rend la guérison plus profonde encore, pointant vers la signification du jour du Repos. Le sabbat est au service de l’homme, car le Dieu messie et berger, qui n’est qu’un avec le Père, est du côté des vivants et des libérations. Mais tout cela est trop pour les auditeurs qui encerclent Jésus.  « C’est pourquoi, de plus en plus, les Juifs cherchaient à le tuer, car non seulement il ne respectait pas le sabbat, mais encore il disait que Dieu était son propre Père, et il se faisait ainsi l’égal de Dieu. » (5, 18) Un blasphème au carré en quelque sorte, que d’oser dire qu’avec le Père il ne fait qu’un, qui plus est en se tournant vers l’exclus le jour du repos.

Affirmant son unité avec le Père Jésus ne fait pourtant pas tant une déclaration tonitruante qu’un constat. Oui il est Un, non qu’il serait confondu avec lui, mais parce qu’il accompli la volonté juste, parce qu’il témoigne par ses œuvres de la bonté de Dieu, de sa proximité, de son identité. Rien de moins. Il est un car il n’y a plus de nécessité d’intermédiaire entre ce Dieu-là et l’homme. Il est là, en chair et en os, ouvert à l’humain délaissé, méprisé, écarté.

Tant de fois des pasteurs fallacieux, menteurs, imposteurs, voire criminels, auront prétendus être des bons pasteurs. Tous les drames des abus et des violences au sein de l’Église en témoignent. En emmenant des croyants – considérés comme des moutons de Panurge – vers de la mort, vers l’anéantissement d’eux-mêmes, de leur liberté et de leur dignité, des faux pasteurs déguisés n’étaient que des « voleurs et des bandits ».  Ce qui caractérise le Bon Pasteur et qui va lui valoir la mise à mort, c’est non de sacrifier quiconque mais au contraire de se faire la nourriture de celles et ceux qui se croient perdus et pour qui il risque sa vie. Eux savent reconnaître sa voix.

Alors oui, « c’est moi qui ferai paître mes brebis et c’est moi qui les ferai reposer, oracle du Seigneur », déclarait le prophète Ézéchiel, 34,15) préfiguration du Bon Pasteur affirmant «je suis venu pour que vous ayez la vie et l’ayez en abondance. » (Jean 10, 10).  Là est l’authentique sabbat, l’unique Dieu.

Veronique Margron

Source: 

https://kiosque.lavie.fr/reader/df74db87-81a3-423d-a705-124833641292

 


Domingo 11 de mayo de 2025
Evangelio (Jn 10, 27-30)

El Dios que actúa

Estamos en invierno, en la fiesta de Janucá, fiesta de la dedicación, fiesta de la luz, del nuevo comienzo. Se conmemora a un pequeño grupo de judíos fieles, liderados por Judas Macabeo, que venció a uno de los ejércitos más poderosos del siglo II a.C., los seléucidas, y expulsó a los griegos del país. Recuperó el Templo de Jerusalén para consagrarlo de nuevo, con un nuevo altar, al Dios único (1 Macabeos 4, 36-59). En esta fiesta, pues, Jesús « iba y venía » (Juan 10, 23) por el Templo. En cierto modo, estaba en su casa. Pero entonces, los judíos le rodearon. Acorralado, el ambiente cambia, se vuelve tenso, inquietante, hasta el momento —un poco más adelante, en ese mismo capítulo 10, en el versículo 31 (y después el 39)— en que “trajeron piedras para apedrearlo”. Los oyentes se han convertido en adversarios.

Escena dramática, crucial. Los presentes le piden a Jesús que hable « claramente », que diga abiertamente quién es y si es el Cristo, el Mesías. En efecto, Jesús no había pronunciado ese título delante de los judíos. En el siglo I, en Palestina, el término era muy ambiguo, ya que la ocupación romana lo había desviado hacia un sentido político y nacionalista. Sin embargo, Jesús sí lo utilizó, pero con quienes podían entender el sentido que Él le daba; la samaritana, por ejemplo: “Soy yo, el que habla contigo.” (4, 25). La samaritana no está en la lógica de la reconquista del poder o del territorio, siendo de un pueblo despreciado por los judíos y considerado pagano. Ella puede escuchar la palabra de Jesús porque está libre de ideología, simplemente atenta, como todos aquellos despreciados por los que se creen justos. Porque es al Mesías crucificado a quien habrá que reconocer, no al liberador político. Ésas son sus ovejas: las que confiesan al Mesías humilde, al que todo lo da a su rebaño, a cada una de sus ovejas. Nadie las arrebatará de su mano, de su ternura, de su protección, de su fuerza también.

A sus interlocutores, tan seguros de su doctrina, Jesús les propone un paso al lado: mirar los hechos, la realidad, sus obras. Nada más concreto. En el capítulo anterior, cura a un ciego de nacimiento, y en Juan 5, a un paralítico junto a la piscina de Betzatá. ¿Qué puede ser más claro que un ciego que ve y un paralítico que toma su camilla y camina? La palabra hecha carne. Pero no es suficiente. ¿Por qué? Porque ambas curaciones tienen lugar en sábado.

Hay que escoger un bando: el de la observancia, incluso si eso implica dejar morir y abandonar al que sufre, o el de la acción que da vida. Que ocurra en sábado hace que la curación sea aún más profunda, señalando el verdadero significado del Día de Reposo. El sábado está al servicio del ser humano, porque el Dios Mesías y Pastor, que es uno con el Padre, está del lado de los vivos y de las liberaciones. Pero todo esto es demasiado para quienes rodean a Jesús. “Por eso los judíos, con más empeño, querían matarle: no sólo quebrantaba el sábado, sino que además llamaba a Dios su propio Padre, haciéndose igual a Dios.” (5, 18). Un doble blasfemo, por así decirlo, al atreverse a decir que es uno con el Padre, y más aún, al hacerlo volviéndose hacia el excluido en día de reposo.

Al afirmar su unidad con el Padre, Jesús no lanza una declaración atronadora, sino que enuncia un hecho. Sí, es Uno, no porque se confunda con Él, sino porque cumple Su voluntad con justicia, porque sus obras son testimonio de la bondad de Dios, de Su cercanía, de Su identidad. Nada menos. Es uno porque ya no hace falta intermediario entre este Dios y el hombre. Está aquí, en carne y hueso, abierto al ser humano marginado, despreciado, excluido.

Demasiadas veces, pastores falsos, mentirosos, impostores e incluso criminales, han pretendido ser buenos pastores. Todos los dramas de abusos y violencia en el seno de la Iglesia lo atestiguan. Al llevar a los creyentes —considerados como borregos— hacia la muerte, hacia el aniquilamiento de sí mismos, de su libertad y dignidad, esos falsos pastores disfrazados no eran más que « ladrones y bandidos ». Lo que caracteriza al Buen Pastor, y que le llevará a la muerte, no es sacrificar a nadie, sino convertirse en alimento para aquellos que se creen perdidos y por los que arriesga su vida. Ellos saben reconocer su voz.

Entonces sí, “yo mismo apacentaré mis ovejas y yo mismo las haré reposar —oráculo del Señor” (Ezequiel 34,15), prefiguración del Buen Pastor que afirma: “He venido para que tengáis vida y la tengáis en abundancia.” (Juan 10, 10).
Ahí está el auténtico sábado, el único Dios.

Veronique Margron

Fuente: https://kiosque.lavie.fr/reader/df74db87-81a3-423d-a705-124833641292