Alors que j’essaie de faire un peu de jardinage, même si je n’y connais pas grand-chose, je rencontre une difficulté permanente : celle de bien identifier les plantes et les espèces qui se trouvent dans les petites plates-bandes et les allées. Quelles sont leurs caractéristiques ? est-ce que ce sont des fleurs ? A quoi servent-elles ? Sont-elles utiles ? Que dois-je faire : les arracher ou les laisser vivre ? les déplacer ?

Alors que je préfèrerais laisser la nature faire toute seule son œuvre, laisser les petites plantes et les petites bêtes se frayer leur chemin de vie sans que je vienne les en empêcher ; et alors que nous sommes au milieu du mois de juillet, qu’est-ce que je trouve dans cette petite parcelle de terre du 310 ? De nombreuses herbes communément qualifiées de mauvaises assurément, mais au milieu il y a des coquelicots sauvages, des pavots, des glaïeuls couleur pourpre. Si j’avais effectué un grand nettoyage complet dans ce bout de terre je n’aurais jamais su qu’il contenait tout cela !

Voilà ce que Jésus nous enseigne, aujourd’hui : ne nous hâtons pas de faire le grand nettoyage, le grand désherbage. Il se pourrait bien que nous nous mélangions les pinceaux et arrachions des plantes belles et utiles en même temps.

Et puis, que savons-nous de ces plantes ? elles ne sont pas utiles à ma personne peut être et au domaine des humains ne sont-elles pas utiles et indispensables à un tas d’animaux petits et grands ou à l’équilibre naturel lui-même ? N’est ce pas présomptueux de présumer de l’utilité et de la beauté des plantes et des soi-disant mauvaises herbes ? Ce jugement n’est-il pas effectué par rapport à ma propre personne, et non pas en fonction de l’équilibre de la création considérée dans une perspective plus vaste ?

La parabole du bon grain et de l’ivraie nous enseigne qu’il nous faut combattre nos tentations à tout rapporter à nos propres personnes et à l’immédiateté de ce donnt nous pourrions espérer et bénéficier de nos actions et activités.

Dans nos conversations habituelles il est courant de prononcer une parole qui juge telle ou telle situation, ou même telle ou telle personne. Or quel est l’appel lancé par Jésus si ce n’est celui de guérir, de sauver plutôt que de juger et condamner ? Plutôt que de chercher à transformer les autres par nos paroles, n’est-il pas davantage utile de me demander ce qui devrait changer en moi afin que je puisse devenir agent de transformation par la qualité de mon être ?

La parabole de Jésus pointe vers la qualité de la patience certes. Le temps du jugement viendra seulement sur l’ordre du Maître de la moisson. Il ne nous appartient pas d’en hâter le jour et l’heure.

La construction du Royaume de Dieu, la mise en place d’un peu plus de justice et de beauté dans notre monde ne peut se faire que par l’action patiente et persévérante de chacun d’entre nous.

Les deux autres paraboles que Jésus propose semblent appuyer cette interprétation : ce qui peut nous paraître ridiculement petit et insignifiant est capable de frayer un chemin de telle sorte qu’il finit par transformer tout l’essentiel.

Ainsi la graine de moutarde peut finalement accueillir et protéger les oiseaux du ciel et le levain transformer toute la pâte.

Finalement c’est une question de foi et de confiance dont il est question dans la parabole. Luttons et demandons plus de patience et de confiance envers le Maître de la moisson qui agira, c’est certain.

Mais soyons surs que davantage de patience et de confiance dans le fait qu’une transformation, si infime soit-elle, sur nos propres personnes dans le sens de davantage de justice, de beauté et de vérité soit susceptible de transformer tout l’ensemble.

Claudine Perquin