Cet épisode émouvant raconté en l’Evangile de Marc 12, 41-44 s’insère dans la description des jours qui précèdent immédiatement la Passion et la mort de Jésus.

Possiblement, il se déroule sur l’un des parvis du temple de Jérusalem, là où se trouvait le trésor du temple. L’endroit était connu comme la Cour des femmes. Tous les Israélites, hommes ou femmes, pouvaient y circuler librement, mais les femmes ne pouvaient pas aller plus loin, d’où le nom de ce parvis.

Devant les portes, il y avait treize troncs appelés « trompettes », à cause du goulot étroit qui les surmontait. Ces troncs recevaient les sommes offertes pour les divers services du Temple. Chaque trompette portait une inscription en langue hébraïque, qui indiquait à quoi étaient destinés les dons déposés. Il y en avait deux pour l’impôt du temple : un pour l’année en cours et un pour la précédente. Les autres troncs permettaient de collecter l’argent des sacrifices pour le péché, des sacrifices de culpabilité, des sacrifices d’oiseaux, des sacrifices des nazaréens et des sacrifices des lépreux purifiés. Il y avait aussi un tronc qui recevait les offrandes volontaires.

Un jour, « Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor », et observait des fidèles, dont une « pauvre veuve », déposer leurs offrandes.

Pauvre, pauvreté, ces sont des mots difficiles, tant ils entraînent avec eux des connotations diverses et même contradictoires.

A plusieurs reprises, nous pouvons lire dans l’Evangile que Jésus a aimé les pauvres, il a partagé leurs conditions de vie et leur a apporté la Bonne Nouvelle. « Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : ‘Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.’ » Luc 6, 20.

Mais, de quelle pauvreté s’agit-il?

Une possible réponse se trouve dans la deuxième lettre aux Corinthiens: « Vous connaissez en effet le don généreux de notre Seigneur Jésus Christ : lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. » 2Co 8, 9

Jésus s’est donné tout entier pour nous. (Heb. 9,14) À son école, nous pouvons apprendre à faire de notre vie un don total, à devenir disposés, non pas tant à donner quelque chose de ce que nous pensons posséder, qu’à nous donner nous-mêmes. D’après la Constitution 23 : « La pauvreté est avant tout une attitude profonde de notre être : disponibilité totale et joyeuse au Seigneur et à nos frères. »

« Il y a cette chose prodigieuse dans le Christ: l’homme grandit à l’infini, à mesure que Dieu se révèle davantage comme la pauvreté d’un amour où il n’y a rien que l’amour. » Maurice Zundel. Conférence Cénacle, Paris 1964

Pendant la célébration de la messe, juste avant que le prête ne prononce la prière eucharistique, il y a le rite du « lavabo », où la liturgie met sur ses lèvres la magnifique prière des trois jeunes gens dans la fournaise de Babylone (cf Daniel 3,38-40) :  « Humbles et pauvres, nous te supplions, Seigneur, accueille-nous : que notre sacrifice, en ce jour, trouve grâce devant toi. »

En ce dimanche, mon souhait est que nos assemblées (communautaires, paroissiales, etc.) deviennent non pas de « pauvres assemblées », mais des « assemblées de pauvres » au cœur desquelles chacun, chacune a mis tout ce qu’il/elle avait pour vivre, ou tout au moins, cherche à le faire.

Sr. Rosario Garcés del Castillo