Alors que nous venons de célébrer la fête de tous les saints, la Parole de ce dimanche nous rappelle que nous sommes faits pour la Résurrection.

Comment pouvons-nous penser un « au-delà » en ce moment ? C’est déjà difficile au temps de Pâques, et aujourd’hui ce n’est pas mieux. Essayons tout de même de nous approprier cette ouverture qu’elle nous propose, incroyable à vue humaine, et indicible car notre vocabulaire est défaillant.

L’expression « enfants de Dieu » est familière, elle dit combien nous comptons aux yeux de Dieu comme être humain et l’Eglise, gardienne des paroles reçues du Christ, précise que le Baptême nous fait entrer dès maintenant dans une vie nouvelle. Cette vie nouvelle nous est offerte justement dans ce mystère où le Christ en donnant sa vie nous attire à lui, comme il l’a dit à ses disciples : « quand j’aurai été élevé de terre j’attirerai à moi tous les hommes ». Jésus n’a exclu personne de cette vie nouvelle qu’il est venu apporter au monde. Voilà un point fort auquelnotre foi nous accroche, comme l’alpiniste aguerri ou commençant plante son crochet dans le roc puis s’élance dans sa course avec cette assurance de pouvoir atteindre son but, même s’il y a les pires obstacles.

L’expression « enfants de la Résurrection » est sans doute moins courante. Saint Luc dans une rude discussion de Jésus avec les Sadducéens, qui ne voulaient pas de résurrection, vient renverser leur pensée. Il y a la manière de penser en enfant du monde qui en scrutant la loi, se heurte à un enfermement dans l’immédiat ; devenir « enfant de la Résurrection » nous situe dans une vie nouvelle.

Revisiter cette manière d’exister en enfants de la Résurrection vient porter une lueur et éveiller l’espérance sur ce que nous vivons avec tous nos contemporains dans ce monde où le malheur nous prend de tous côtés : des conséquences des guerres aux relations humaines brisées par la violence et aux prédictions les plus sombres sur l’avenir de la planète mais aussi dans l’Eglise.

Comme croyante, les évènements graves vécus dans l’Eglise, les scandales qui surgissent au sujet de personnes qui étaient des références pour beaucoup, comment ne pas se sentir déboussolée, faible et impuissante ? En ce dimanche se redire encore une fois que la nouvelle création promise, là où règnera la justice divine qui dépasse ce que nous pouvons imaginer, nous permet comme enfant de la Résurrection, là où nous en sommes, de continuer à croire en l’amour de Dieu sans limite.

Paul dans sa seconde lettre aux Thessaloniciens recommande de ne pas se laisser égarer car la promesse ne passe pas, lui-même l’a expérimenté « Dieu notre Père qui nous a aimés, et nous a toujours donné réconfort et bonne espérance par sa grâce » ; Recevons aussi ce souhait qu’il fait à ses lecteurs : « Que le Seigneur conduise vos cœurs dans l’amour de Dieu et l’endurance du Christ » 2 Th 3, 5.

La Bible liturgique note à propos de l’endurance : celle vécue par le Christ, celle qu’il donne ou encore « la persévérance pour attendre le Christ.

Puissions-nous tous, chrétiens ou non, nous aider à attendre : les cieux nouveaux, la nouvelle terre où règnera la justice dont le Christ, premier né d’entre les morts, inaugure cette humanité nouvelle. Cf. Col 1.

Sr Monique Colrat