« Donnez-leur vous-mêmes à manger »
La solennité de la fête du saint sacrement nous offre à lire une scène de multiplication des pains, dans l’évangile selon saint Luc.
Les foules sont là, dans un endroit désert, aux pieds de Jésus qui les enseigne et leur parle du Royaume de Dieu. Peu avant, Jésus avait envoyé les disciples en mission, ils étaient revenus près de lui à l’écart et la foule les avait alors rejoints.
Il est tard.
Il va bientôt faire nuit.
Les disciples s’inquiètent de ce que vont manger les gens. Peut-être aimeraient-ils se retrouver seuls avec le maître.
Mais voilà, Jésus continue à les préparer à ce qu’ils devront faire après lui, quand il ne sera plus là, ou présent sous une forme, autrement.
« Donnez-leur vous-mêmes à manger ».
Nous en sommes là, encore maintenant.
Ce qui nourrit les hommes et les femmes, la parole vraie et le pain pour la route, c’est désormais à nous de les partager à ceux qui sont là.
Ce qui transforme une foule en communauté ouverte et non en secte, c’est la parole vraie et le pain partagé avec ceux et celles qui ne sont pas encore là. La parole vraie est une parole livrée, qui ne cherche pas à séduire, ni à faire du chiffre. Ce n’est pas la parole des « influenceurs » car la parole du Christ qui la fonde a renoncé à toute influence sur la croix.
Quant au pain, il faut d’abord l’entendre pour ce qu’il est : le vrai pain dont a besoin tout être pour vivre. La première des urgences est donc de se préoccuper de qui a faim. C’est ensuite le pain de la bonne présence, là encore une présence offerte, simple, sans calcul. Une présence « suffisamment bonne » qui donne de l’air respirable à ceux qui nous entourent.
« Donnez-leur vous-mêmes à manger ».
A chacun de trouver le chemin. L’eucharistie que nous célébrons ensemble fonde cette mission nôtre. Action de grâce, remerciement, elle est d’abord ce moment où nous nous unissons à notre Seigneur qui a offert sa vie en remerciement au Père pour le cadeau que nous sommes pour lui. A notre tour de vivre et d’offrir notre temps, à ras de terre, comme un remerciement à ceux qui nous entourent. Essayer de vivre eucharistiquement, en somme.
Anne Lécu op
«Dadles vosotros mismos de comer»
La solemnidad de la fiesta del Santísimo Sacramento nos ofrece leer una escena de la multiplicación de los panes, en el evangelio según san Lucas.
Las multitudes están allí, en un lugar desierto, a los pies de Jesús, quien les enseña y les habla sobre el Reino de Dios. Poco antes, Jesús había enviado a los discípulos en misión, y al regresar cerca de él, la multitud se unió a ellos.
Es tarde.
Pronto será de noche.
Los discípulos se preocupan por lo que van a comer las personas. Tal vez preferirían estar a solas con el maestro.
Pero ahí está, Jesús sigue preparándolos para lo que deberán hacer después de él, cuando él ya no esté, o cuando esté presente de otra manera.
«Dadles vosotros mismos de comer».
Estamos en este punto, aún hoy en día.
Lo que alimenta a los hombres y mujeres, la palabra verdadera y el pan para el camino, ahora nos toca a nosotros compartirlo con los que están allí.
Lo que convierte una multitud en una comunidad abierta y no en una secta, es la palabra verdadera y el pan compartido con aquellos que aún no están. La palabra verdadera es una palabra entregada, que no busca seducir ni hacer número. No es la palabra de los «influencers», porque la palabra de Cristo que la fundamenta renunció a toda influencia en la cruz.
En cuanto al pan, primero debemos escucharlo por lo que es: el verdadero pan que todo ser necesita para vivir. La primera de las urgencias es, por tanto, preocuparnos por quien tiene hambre. Luego, el pan de la buena presencia, nuevamente una presencia ofrecida, simple, sin cálculo. Una presencia «suficientemente buena» que da aire respirable a aquellos que nos rodean.
«Dadles vosotros mismos de comer».
A cada uno le toca encontrar el camino. La eucaristía que celebramos juntos fundamenta esta misión nuestra. Acción de gracias, agradecimiento, es sobre todo este momento en el que nos unimos a nuestro Señor, que ofreció su vida en agradecimiento al Padre por el regalo que somos para Él. Ahora nos toca vivir y ofrecer nuestro tiempo, a ras de suelo, como agradecimiento a los que nos rodean. Intentar vivir eucarísticamente, en resumen.
Anne Lécu op