Il y a une époque l’Eglise dans sa catéchèse parlait beaucoup du diable. Dans certaines représentations, sur les tableaux ou les fresques il était présent. Aujourd’hui, cette façon de voir n’est plus vraiment dans l’ère du temps : le diable n’est plus tellement l’objet de préoccupation de nos documents de catéchèse.

Disons aussi que les Ecritures non plus n’en parlent pas beaucoup, sinon lors de certaines guérisons.  Reconnaissons que parler du diable, revient à personnifier le mal. Cependant, le texte de l’Evangile de ce dimanche l’évoque ouvertement. Il est l’adversaire de Jésus dans le désert. Une conversation hors du commun s’engage entre les deux. Le diable sort toutes ses cartes dans les différentes tentations.

La scène se passe au désert, là où Jésus après son baptême se retire avant son ministère public. Jésus y passe quarante jours comme le peuple après sa sortie d’Egypte ; de fait, il marcha quarante ans dans le désert avant de rejoindre la terre promise. Le peuple fit  l’expérience au désert qui tourna à l’échec car elle est constellée de mise à l’épreuve de Dieu par leur désobéissance. Il en sera autrement pour Jésus qui restera obéissant jusqu’au bout.

Regardons de très près comment se manifestent les trois tentations :

  • Première tentation : le diable demande à Jésus de transformer les pierres en pain. Nous touchons le côté matériel des choses et nous avons l’impression qu’il sort de la réalité du désert, en voulant que Jésus change instantanément les pierres en pain alors qu’il est dans le désert pour jeûner.
  • Deuxième tentation : « je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes ». Prendre le pouvoir, vouloir que le monde aille mieux. Les prophètes avaient annoncé que le Messie serait de la descendance de David et Dieu lui donnerait le trône de David son père. Le diable savait aussi cela ; mais de nouveau il nie la réalité de passer instantanément du désert en montrant les royaumes et en voulant donner pouvoir sur ces royaumes.
  • Troisième tentation : « le diable le conduit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple ». il veut que Jésus fasse un acte gratuit hors du commun pour montrer sa puissance divine. Se jeter dans le vide comme de la magie. A ce niveau aussi, il nie la réalité. Le Dieu de Jésus Christ n’est pas une idole qui se plie aux ordres des humains. On ne peut pas instrumentaliser Dieu.

Jésus devant le tentateur ne renonce pas ni à sa condition divine, ni à sa condition humaine en répondant aux questions. Il apparaît bien clairement que le diable est avant tout l’ennemi de la nature humaine ; car lui-même, étant un ange déchu nie la réalité humaine qu’il ne connaît pas. A chacune de ses questions, Jésus sort vainqueur en citant le livre du Deutéronome dans les chapitres 6-8. Remarquons qu’à la troisième tentation, comme Jésus, il cite lui aussi les Ecritures ;  mais il n’arrivera pas à ses fins.

L’Eglise nous propose ce texte dès le premier dimanche de carême pour nous apprendre la conduite à tenir lors des tentations de toutes sortes que nous pouvons rencontrer dans notre marche vers Pâques.

La Parole de Dieu est  une arme qui nous permettra de tenir debout devant toutes les tempêtes que le diable peut nous envoyer. C’est aussi une invitation en ce temps privilégié à nous replonger dans la lecture de la Parole pour nous imprégner de Celle-ci comme notre pain de chaque jour. Car sa bonne compréhension nous permettra de connaître davantage le Dieu plein d’amour et de compassion et aussi nous dévier des pièges du diable.

Disons le Psaume de ce dimanche qui vient comme une réponse à la confiance de Jésus à son Père et notre Père :

« Quand je me tiens sous l’abri du Très-Haut
et repose à l’ombre du Puissant,
je dis au Seigneur : « Mon refuge,
mon rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ! »

 

Tenons-nous sous l’abri du Très-Haut et gardons confiance en Lui car le même Psaume le dit :

« Puisqu’il s’attache à moi, je le délivre.
je le défends, car il connaît mon nom.
Il m’appelle, et moi, je lui réponds.
je suis avec lui dans son épreuve. »

 

Bon temps de carême avec le Christ !

 

Sr Henriette Kaboré