« Notre Père qui es aux cieux… »
L’Evangéliste Luc nous raconte une anecdote vraiment intéressante dans la vie de Jésus ; il nous dit: » un jour, Jésus était en prière, quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda » Seigneur apprends-nous à prier comme Jean l’a appris à ses disciples; » Il leur répondit » quand vous priez dites : » Père « . En réalité le peuple juif, comme dans beaucoup de religions, appelait Dieu » Père » ainsi que le mentionnent Osée 11,3, Jérémie 3,19, Isaïe 63,16, Sagesse 5,5 etc…
Toutefois, Jésus a renouvelé ce mot en osant dire à Dieu » Abba » » Papa « ,.. terme de familiarité inusité avant lui.Donc, c’est à partir de ce qu’ils ont perçu de l’expérience unique de Jésus, que ses disciples ont affirmé qu’il était « Fils de Dieu « , en un sens tout à fait particulier. Et lorsque nous reprenons la prière de Jésus, nous osons, à notre tour, penser que » nous sommes aimés de l’amour même dont le Père aime son Fils Unique « .( Jn 20, 17 ).
Reprenons les invocations proposées par Jésus
- « Que ton nom soit sanctifié… »
Nous savons bien que dans la Bible le » nom » est ce qui manifeste la personne… la » sainteté » et ce qui fait Dieu Tout – Autre par la transcendance de son amour et de sa puissance…
Avant d’exprimer à Dieu nos propres besoins, nous avons donc à prier, selon Jésus, aux intentions même du Père…Rien de magique, rien d’aliénant dans cette prière absolument gratuite et désintéressée…
- Que ton règne vienne
À vrai dire, cette deuxième proposition est presque synonyme de la première. Que Dieu règne..que Dieu anime de l’Intérieur toute sa création, Lui qui est Amour ( Jean 4,7 ), que l’Amour soit roi ! Que l’Amour règne
Ce thème du » Règne de Dieu » est fortement présent dans l’Ancien Testament, dans les Chroniques, chez Tobie,dans les Psaumes, chez isaïe, chez Daniel. Mais dans la pensée d’israël, les rois de la terre ne sont que des »représentants » parce que la royauté appartient seulement à Dieu. D’ailleurs c’est en observant la loi de Dieu qu’Israël fait effectivement régner Dieu.
- Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour…
Disons qu’après avoir fait nôtres les projets du Père, nous pouvons à présent formuler nos propres désirs. C’est Jésus lui-même qui nous en suggère trois: le pain, le pardon, la liberté face au mal…
Il est intéressant de réfléchir sur le fait que Luc, avec une communauté chrétienne sans doute extrêmement pauvre, rajoute une nuance, et insiste en disant: » donne-nous chaque jour le pain dont nous avons besoin ». Cette prière est très modeste et, sans en avoir l’air, remet en cause nos mentalités de riches. Jésus a sans cesse insisté pour que nous ne nous inquiétons pas du lendemain (Lc 12, 22-32; Matthieu 6,34). Déjà au désert de l’Exode, le peuple de Dieu ne pouvait pas faire de provision de manne pour plusieurs jours à l’avance (Exode 16,4).
Et le » nous » que nous prononçons à la suite de Jésus, nous invite expressément à inclure dans notre prière tous les hommes qui manquent de ce pain quotidien. Aucun de nous n’a pas le droit de dire le » Notre Père » uniquement pour lui-même. Si notre prière est vraie, elle nous incite à partager chacun notre pain avec tous ceux qui ont faim.
- Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardonnons à tous ceux qui ont des torts envers nous.
Alors que Mathieu a utilisé le mot « tort », Luc a préféré employer celui de « péché »: c’est de fait le péché qui est le plus grand obstacle au règne de Dieu, comme au partage fraternel du pain ! Luc insiste sur le fait que nous devons pardonner à tous ceux qui nous ont offensés soulignant ainsi l’universalité de ce pardon que nous devons accorder aux autres,si nous voulons être pardonnés nous-mêmes par Dieu.
- Et ne nous soumets pas à la tentation...
Dans le récit de Luc 22,40 et 22,46, Jésus recommande à ses amis de prier pour ne pas entrer en tentation. Certes,la grande tentation, c’est d’abandonner Jésus. Mais toutes nos défaillances, même les plus modestes, constituent un éloignement plus ou moins important de Jésus. C’est donc bien chaque jour qu’il nous faut nous battre contre le Mal, conquérir notre liberté et demander humblement à Dieu la grâce de ne pas être soumis, enchaînés, aliénés.
Apprends- nous à prier
Luc 11, 1-13
Souvent nous sommes un peu comme les disciples : nous voudrions apprendre à prier .Que dire lorsque nous prions ?.. Quelles méthodes trouver pour parler à Dieu et l’écouter ?Jésus nous invite à nous tourner vers Dieu et à lui donner le beau nom de Père, une manière de nous rappeler que nous avons, comme des enfants, à nous abandonner en toute confiance dans ses bras, en lui disant« que ta volonté soit faite ».
» Prier c’est commencer par se rendre attentif à l’Esprit qui au plus profond de notre cœur adresse une prière continuelle au Père. »
La prière de Jésus est entièrement centrée sur le désir d’un Dieu qui veut notre véritable bien. Elle est humble remise de vie entre les mains du Seigneur. Elle est appel à une grâce miséricordieuse dont nous devons nous-même rayonner auprès des autres. Une telle prière, faite avec foi et insistance, ne peut qu’être exaucée car le Père veut nous pénétrer de l’Esprit.
Jésus nous donne l’audace de dire la prière qu’il nous a transmise et enseignée pour que nos manques soient comblés par sa grâce. Toutes les fois que l’un d’entre nous, même à l’écart des autres et caché dans les lieux les plus secrets, invoquera Dieu le Père, nous devons être convaincus qu’un si grand don n’est pas offert isolément à chacun,mais communément à tous. Par conséquent, que personne ne se vante de dire » mon Père qui es aux cieux » plutôt que » Notre Père « , car cette première adresse revient seulement au Christ dont Dieu est proprement le Père.
Soyons heureuses de redire chaque jour cette prière, mais surtout soyons heureuses si nous parvenons à en garder fidèlement l’esprit dans les actions quotidiennes de notre vie.
Sr Maria-Fabiola Velasquez